23 avril 2024

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Démotivés : ces salariés qui se désengagent

Les uns se résignent, d’autres se rebellent ou instrumentalisent l’entreprise…La tentation du retrait gagne les salariés.Une réalité dont les employeurs n’ont pas pris toute la mesure.Vous traînez les pieds pour aller bosser ? Celui des frustrés du boulot qui font triste mine chaque matin à l’idée de rejoindre leur bureau.


La tendance n’épargne pas les costumes-cravates.

Et ces états d’âme sont de plus en plus masculins.

La France serait-elle devenue une terre de dilettantes?

L’image du salarié hexagonal passé maître dans l’art de jongler entre RTT et arrêts maladie ne convainc personne.

Celui-ci reste fondamental pour réussir sa vie.

L’enquête annuelle réalisée par son équipe RH, et dont Liaisons sociales magazine publie en exclusivité certains résultats (voir les chiffres pages 21, 24 et 25 du magazine ou cliquer ici pour télécharger les résultats détaillés en PDF), ne laisse aucun doute : le travail a perdu sa place centrale dans la construction des identités.

Et inutile d’incriminer les 35 heures!

Nostalgiques du bon vieux temps où ils motivaient leurs ouailles à coups de primes ou de voitures de fonction, les employeurs sont désemparés.

Ils ont pourtant largement participé à la prise de distance.

Financiarisation à outrance, complexité des organisations, restructurations permanentes, absence de reconnaissance, pratiques managériales déficientes ont nourri les états d’âme et le sentiment que «la vie est ailleurs».

Les DRH vont pourtant devoir sortir rapidement la tête du sable.

Car le désengagement au travail dégrade les comptes et plombe l’innovation.

Les dégâts se paient sous forme de hausse de l’absentéisme, de baisse de la qualité des produits ou d’explosion du turnover.

D’après les chiffres de Sociovision, 70 % des salariés se disent malgré tout prêts à «s’investir davantage» dans leur entreprise.

Pas si mal quand, par ailleurs, 41 % des salariés — dont 50 % des femmes cadres!

— se disent «plutôt perdants» quand ils comparent leur implication et ce qu’ils en reçoivent.

Ils sont d’autant plus prêts à s’investir qu’ils ont confiance dans leur entreprise et qu’ils s’y sentent reconnus.

On ne saurait trop conseiller aux managers d’apprendre à donner du sens et de la valeur au travail de leurs subordonnés.

Au risque, sinon, de voir se multiplier les situations de retrait.

De l’usé à l’insoumis, de l’hédoniste au procédurier, portraits de ces salariés désenchantés.

Les entorses à la cheville ont parfois du bon.

Arrêté trois semaines par son médecin, Arnaud a profité des sept derniers jours pour…

D’après les chiffres de la Cnam, corroborés par les organismes de contrôle privés, quelque 6 à 7 % des arrêts maladie seraient abusifs.

Sans surprise, les désabusés du boulot y prennent leur part.

«Les résultats des estimations font apparaître un lien positif entre insatisfaction au travail et absences, tant chez les hommes que chez les femmes», constate une récente étude de l’Insee.

«Les professionnels de l’absentéisme sont essentiellement des jeunes qui, ayant perdu toute illusion par rapport à leur travail, entrent dans une logique de consommation vis-à-vis de leur entreprise», note le consultant Denis Monneuse, d’Entreprise & Personnel.

Déçus par des promesses non tenues ou l’impossibilité d’évoluer, ces désabusés rééquilibrent à leur façon la relation de travail.

Ils savent jouer des arrêts maladie, mais aussi des avantages internes ou des retards et absences tolérés par leur hiérarchie.

Avec ces salariés tire-au-flanc, le bâton et la carotte ne fonctionnent pas : ils savent déjouer les contrôles et ne se remobilisent pas pour quelques dizaines d’euros de prime de présence.

Saisir l’inspecteur du travail, partir à 18 heures pétantes, contester ses objectifs ou multiplier les mails pour garder trace de tout échange professionnel pourrissent rapidement les relations de travail.

«Le pire scénario pour l’employeur, c’est quand un salarié prend un mandat syndical pour se protéger et faire monter les enchères», confie David Jonin, du cabinet Gide Loyrette Nouel.

Ces rebelles ont tous en commun d’être très investis dans leur vie professionnelle et d’avoir un potentiel d’évolution avéré.

Quand un salarié a la tête ailleurs, impossible de le remotiver en lui offrant des responsabilités supplémentaires ou une revalorisation de salaire.

Les différents plans ont laminé le moral des gens.

Ceux qui n’ont pas eu les moyens de partir ont perdu confiance.

À en croire Benoît Roederer, directeur à Sociovision, cette résignation ne s’exprime pas seulement dans les entreprises en restructuration.

Elle traverse la plupart des organisations, séparant les effectifs entre gagnants et perdants des évolutions technologiques et économiques.

«Une partie de la population vit son rapport au travail sur un mode statique, là où l’autre est dans un processus d’ascension professionnelle», explique-t-il.

Ces résignés, pourtant nombreux, ne croient même plus à la force du collectif.

Se mettre en grève pour changer leur situation s’avère au-dessus de leurs forces…

Entre middle managers et directions, l’écart se creuse.

Sans surprise, ce sentiment d’être déconnecté des avancées technologiques, cette perte d’espoir de pouvoir se former, cette impression de subir touchent d’abord les salariés âgés au capital économique et culturel faible.

«Mais pas seulement», prévient Patrick Levy-Waitz.

Ils voient l’écart se creuser avec les directions.

D’ailleurs, les entreprises commencent à mettre en place des dispositifs d’accompagnement pour lui redonner du souffle. Source

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Société de médias - PCI

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