Industrie en France

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L'industrie française emploie 3,115 millions de salariés (hors intérim) qui représente 13,5% du PIB marchand national en 2020. Sa valeur ajoutée s'élève à 274 milliards d'euros hors taxe. Ainsi on retrouve 260 000 entreprises industrielles[1].

Histoire de l'industrie française[modifier | modifier le code]

La France est un des premiers pays à avoir connu la Révolution industrielle au début du XIXe siècle. Son industrie est tout d'abord marquée par l'industrie du charbon et de la sidérurgie (des mines de fer et de charbon sont exploitées au nord et à l'est du pays). Le Second Empire est une période particulièrement propice, grâce à l'action soutenue du gouvernement, qui axe notamment sa politique sur le développement des transports ferroviaires. L'Exposition universelle de Paris de 1889 est une consécration pour l'industrie française ; les visiteurs y découvrent notamment l'utilisation de l'acier riveté comme nouveau matériau de construction, grâce à la tour Eiffel.

Pendant la première moitié du XXe siècle, la France est l'une des puissances industrielles majeures avec l'Angleterre, l'Allemagne et les États-Unis. L'industrie française est dynamique, mais subit les crises de la Première Guerre mondiale, la Grande Dépression puis la Seconde Guerre mondiale. La Première Guerre mondiale a eu non seulement un effet démographique dévastateur (1,4 million de morts et de disparus, soit 10 % de la population masculine active), mais elle a encore engendré des destructions matérielles très importantes dans les régions industrielles du nord et de l'est. La Crise de 1929 a ensuite eu un effet durable sur l'industrie française, car le pays met dix ans pour recouvrer un PIB égal à celui de 1929. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, outre les pertes humaines, le pays souffre de la destruction de nombreuses infrastructures notamment portuaires; ces destructions sont non seulement dues aux Allemands, mais aussi aux bombardements des Alliés.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France bénéficie du plan Marshall (2,5 milliards de dollars). En outre, la naissance de l'Union européenne (alors CECA) permet à l'économie française de coopérer avec des partenaires européens. Durant les Trente glorieuses, le PIB croît au rythme soutenu de 5 % environ par an. Se développent alors en particulier les secteurs de l'aérospatial (fusée Ariane), de l'aéronautique (Airbus) et du nucléaire. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 terminent cette période.

Depuis les années 1980, la France est entrée dans une phase de désindustrialisation progressive, avec une crise des secteurs à faible valeur ajoutée et gourmands en main d’œuvre (textile, industries d'extraction minière...). Les causes principales de la désindustrialisation sont d'une part la tertiarisation de l'économie (entre 2000 et 2014, la part de l'industrie dans le PIB national est passée de 16,6 % à 12,4%[2]), d'autre part le fort coût de la main d’œuvre française par rapport à des pays en développement (Chine, Thaïlande) dans un contexte de mondialisation (facilitant donc les délocalisations). La Crise économique de 2008-2009 frappe le pays de plein fouet et met en difficulté des secteurs déjà fragilisés (automobile, sidérurgie notamment).

Depuis les années 1980, les entreprises françaises ont privilégié les délocalisations et les investissements directs étrangers, notamment dans les pays émergents à forte croissance, ce qui a favorisé la désindustrialisation du pays. Outre le coût du travail, le coût du capital a joué un rôle déterminant dans le phénomène de désindustrialisation, les grandes entreprises distribuant une part toujours plus importante de la valeur ajoutée aux actionnaires, au détriment de l’investissement et de la recherche. À la fin des années 1980, les dividendes représentaient moins de 5 % de la richesse créée dans l’industrie ; en 2019, cette part a été portée à 25 %[3].

L'industrie française en Europe[modifier | modifier le code]

La part française dans la valeur ajoutée industrielle de l'Union européenne se situe à 11 % en 2015, au troisième rang derrière l'Allemagne (20 %) et l'Italie (13 %)[4].

Depuis 2016, le coût horaire de la main-d’œuvre industrielle française est inférieur de 2,10 euros à l’allemande[3].

Énergie et émissions[modifier | modifier le code]

L'industrie manufacturière est le troisième secteur consommateur d’énergie (19 % de toute l’énergie finale consommée en France en 2014). C'est aussi l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (18 % des émissions en 2013)[5].

La consommation finale d'énergie par l'Industrie tend à diminuer en France (-14 % entre 1980 et 2012) en raison de la crise de 2008, de la délocalisation d'industries polluantes et d'une amélioration de l'efficacité énergétique de l’industrie chimique notamment (en 2012 elle consommait presque 1/3 de l'énergie consommé par toute l'industrie)[5]. L’intensité énergétique et environnementale a été améliorée de 1990 à 2015 (-26 % pour l’énergie, et -39 % pour le CO2 émis de 1990 à 2012. La loi Grenelle II (2010) fait réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre(BGES) à chaque sociétés de plus de 500 salariés[6] (tous les 4 ans à partir de début 2016, avec depuis 2015 des obligations particulière de communication et une sanction en cas de manquement)[5]. Ce bilan complète l'audit énergétique[7].

L'Industrie lourde et très émettrice (1 138 installations en France pour la période 2013-2020) bénéficie du système communautaire d'échange des quotas d’émissions (SCEQE) mis en place en 2005 pour lutter contre le changement climatique, via un plafond des émissions de CO2[5]. Chaque industriels doit ou réduire leurs émissions, ou acheter des quotas pour les volumes de GES dépassant les plafonds[5]. Au début ces installations se voyaient affecter une allocation annuelle majoritairement gratuite, fixée par le Plan National d’Allocation de Quotas (PNAQ) puis de 2013 à 2020 un plafond annuel unique européen remplace les plafonds d’émission nationaux ; il diminuera peu à peu pour rejoindre l'objectif du paquet climat-énergie, avec une extension du dispositif à l'industrie pétrochimique et aux transports aérien, et aux grands projets de captage et stockage de CO2, et au système de vente aux enchères des quotas[5].

Panorama des secteurs industriels[modifier | modifier le code]

L'industrie en 2011[modifier | modifier le code]

En 2011, les industries françaises ont fait un chiffre d’affaires de 1000 milliards d'euros. Ce chiffre d’affaires se partage de la manière suivante[8]:

  • les industries manufacturières (85%);
  • les industries de production et de distribution énergétique (10%);
  • les industries de production et distribution d'eau, d'assainissement de dépollution (4%);
  • les industries extractives (1%).

Le secteur industriel français se caractérise par une grande variété, tant par la taille des acteurs économiques que par les produits manufacturiers concernés.

Total des effectifs salariés selon la taille de l'entreprise manufacturière[9]
Type d'entreprise 2009 2011
Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage
Micro-entreprise 273 937 9,2 262 588 9,20
Petite et Moyenne Entreprise (PME) 826 899 27,7 781 042 27,30
Entreprise de Taille Intermédiaire (ETI) 1 080 007 36,2 1 019 366 35,60
Grande entreprise 801 191 26,9 797 537 27,90
Total 2 982 034 100 2 860 533 100
Poids des différentes branches de l’industrie manufacturière[10]
Branches industrielles Part en pourcentage dans l'industrie manufacturière
Chimie, pharmacie, caoutchouc et minéraux 23 %
Produits agroalimentaires 19,9 %
Métallurgie et produits métalliques 14,4 %
Électronique, électrique, machines et équipements 11,0 %
Matériels de transport 10,6 %
Bois, papier et imprimerie 5,4 %
Textile, habillement et cuir 2,4 %
Divers (meubles, bijouterie, jouets, sport, réparation) 13,7 %

Agro-alimentaire[modifier | modifier le code]

En 2010, le secteur agro-alimentaire emploie 512 000 personnes se regroupant dans 60 000 sociétés et génère 159 milliards d'euros de chiffre d’affaires[11]. Le secteur agroalimentaire est particulièrement important en France, notamment grâce à la forte production agricole du pays. Il permet au pays de dégager un fort solde commercial positif en ce qui concerne les transformations agro-alimentaires, soit 6,5 milliards d'euros en 2011. Parmi les acteurs français les plus notables du secteur, on peut citer Danone (produits frais), Evian (eau minérale), Bigard (produits carnés), Tereos (sucre)...

Chimie et produits pharmaceutiques[modifier | modifier le code]

L'industrie chimique et pharmaceutique emploie 218 000 salariés et génère 113 milliards d'euros de chiffre d’affaires en 2010[12]. C'est une industrie fortement tournée vers l'exportation (la France a dégagé un solde commercial excédentaire de 9 milliards d'euros en 2011 sur l'ensemble du secteur). Parmi les acteurs français les plus notables du secteur, on peut citer Total (entreprise pétrolière, première entreprise française en chiffre d’affaires), Areva (enrichissement de l'uranium), Rhodia (chimie des polymères), Arkema (chimie industrielle), Sanofi (pharmacie), les Laboratoires Servier (pharmacie)...

Industries cosmétiques[modifier | modifier le code]

Parmi les entreprises de cosmétiques françaises, on peut citer L'Oréal, qui est le plus important groupe français et deuxième dans le monde, et le groupe LVMH (qui détient entre autres Parfums Christian Dior, Parfums Givenchy, Guerlain, Kenzo Parfums, ainsi que Sephora pour la distribution), qui réalise plus de 60 % de son chiffre d’affaires dans le secteur des cosmétiques et parfums. Il existe également de nombreux laboratoires développant une cosmétologie basée sur les produits naturels comme le groupe Yves Rocher, créé en 1956, numéro 1 mondial de la cosmétologie végétale.

Secteurs automobile, aéronautique et spatiale, ferroviaire, navale[modifier | modifier le code]

Secteur automobile[modifier | modifier le code]

La construction automobile est une industrie traditionnelle en France (Panhard, fondée en 1870[13], Peugeot, fondée en 1896, etc.). Le secteur emploie 214 000 salariés en 2010 et génère 99 milliards d'euros de chiffre d’affaires[14]. Les deux principaux constructeurs automobiles français sont les groupes PSA (Peugeot, Citroën) et Renault; toutefois, des constructeurs étrangers comme Toyota possèdent aussi des usines en France. Outre les constructeurs automobiles, les équipementiers tels que Valeo, Michelin ou Faurecia sont des acteurs importants.

Les groupes automobiles français tendent à délocaliser leur production. Entre 2007 et 2018, les effectifs en France de Renault et de PSA ont baissé respectivement de plus de 10 000 salariés (soit environ - 20 %) et de 43 000 salariés (soit environ - 40 %), malgré une augmentation des ventes et du chiffre d'affaires[15]. Les groupes français ont également décidé de délocaliser en 2020 la production de leurs derniers véhicules à moteur thermique du segment B encore assemblés sur le territoire français, soit 13 % de la production française. Autrefois largement excédentaire, le secteur de l’automobile a été déficitaire dans ses échanges extérieurs de plus de 12 milliards d’euros en 2018[15].

Selon The Shift Project, la décarbonation de l'économie nécessite la reconversion de la voiture vers le vélo et la cyclologistique[16].

Aéronautique et aérospatiale[modifier | modifier le code]

Le secteur aéronautique et aérospatial est bien développé en France tout d'abord pour des raisons historiques: la France est le berceau de l'aviation. Cela a été pérennisé par le lancement de programmes d'abord nationaux, puis européens résultant d'une volonté d'indépendance industrielle. L'industrie aéronautique française a produit des appareils très novateurs, tels que la Caravelle ou le Concorde, et s'est aujourd'hui regroupée en grande partie au sein du consortium européen EADS.

L'industrie aéronautique et spatiale emploie 132 000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 34,6 milliards d'euros et en 2007[17] et dégage un solde à l'exportation important. Les emplois sont concentrés essentiellement en Île-de-France, Midi-Pyrénées et Aquitaine. Le secteur travaille à hauteur de 31 % en 2007[17] pour le marché militaire. Le secteur est très concentré et les programmes sont généralement multinationaux. Dans cet ensemble la part du secteur spatial se monte à 3,4 milliards d'euros tandis que celle des équipementiers est de 9,2 milliards d'euros (2007)[17].

L'industrie française est présente dans pratiquement tous les domaines :

Chantiers navals[modifier | modifier le code]

La construction navale française se situe au 6e rang mondial, et emploie 42 000 personnes[18]. Parmi ses acteurs majeurs, on peut citer les Chantiers de l'Atlantique (bâtiments civils) et la DCNS (bâtiments militaires).

Secteur ferroviaire[modifier | modifier le code]

Le secteur ferroviaire français compte les acteurs suivants: Alstom-Transports, ANF Industrie (groupe Bombardier), Siemens Transportation Systems.

Industrie de l'armement[modifier | modifier le code]

L'industrie de l'armement française représente 165 000 emplois en 2013[19]. Elle couvre un large spectre avec notamment la construction navale (DCNS), l'aviation militaire (Dassault Aviation, EADS , Safran) et les systèmes d'armement (MBDA, Thales), la fabrication de véhicules blindés (Nexter). L'ensemble du complexe militaro-industriel est coordonné par la Direction générale de l'Armement. La France est en outre un acteur mondial majeur dans le secteur de la défense: en 2015, la France a réalisé plus 16 milliards d'euros[20] d'exportation d'armement (notamment grâce à la vente de Rafale).

Ameublement[modifier | modifier le code]

L'industrie de l'ameublement regroupe des produits très divers destinés à l'habitat et'au domaine professionnel (meubles de bureaux ou de magasins), ainsi que les sièges pour l'automobile ou l'aéronautique[21].

Les entreprises de l'ameublement se répartissent sur l'ensemble du territoire, la concentration étant plus forte forte en Pays de la Loire et Rhône-Alpes (un quart des effectifs).

En 2015, l’industrie française de l'ameublement représente près de 130 000 emplois dont 52 200 emplois directs et 77 000 emplois indirects. Le marché français s'élève à 14,1 milliards d'euros (7,6 milliards de production) pour un marché mondial de 342 milliards d'euros. On recense 12 000 entreprises, dont 97 % de TPE et 3 % de PME ou ETI qui représentent 85 % des emplois salariés et du chiffres d'affaires production. L'Union nationale des industries françaises de l'ameublement (Unifa), fondée en 1960, est une organisation patronale française qui représente les fabricants français d'ameublement.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « L'industrie en France », sur franceindustrie.org (consulté le )
  2. « L'industrie en France », sur gouvernement.fr (consulté le )
  3. a et b Laura Raim, « Idées reçues sur la relance économique », sur Le Monde diplomatique,
  4. L’industrie en France, Insee, janvier 2007 : page 43 et 44
  5. a b c d e et f LES CHIFFRES CLÉS 2015 CLIMAT, AIR ET ÉNERGIE Ademe/SOEs, 2015
  6. 250 personnes dans les DROM
  7. Article 8 de la directive européenne sur l’efficacité énergétique (2012)
  8. « Insee - Industrie-IAA-Construction - L'industrie par grandes activités économiques en 2010 et 2011 », sur www.insee.fr (consulté le )
  9. « Rapport CNI 2013 », sur Entreprise.gouv (consulté le )
  10. « Chiffres clés de l'industrie manufacturière », sur entreprises.gouv.fr
  11. « Insee - Industrie-IAA-Construction - L'industrie par grandes activités économiques en 2010 et 2011 », sur www.insee.fr (consulté le )
  12. « Insee - Industrie-IAA-Construction - L'industrie par grandes activités économiques en 2010 et 2011 », sur www.insee.fr (consulté le )
  13. Gersende Piernas, « Société anonyme des anciens établissements Panhard-Levassor », sur www.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  14. « Insee - Industrie-IAA-Construction - L'industrie par grandes activités économiques en 2010 et 2011 », sur www.insee.fr (consulté le )
  15. a et b « Ces groupes automobiles français qui se moquent éperdument du Made in France », sur Marianne,
  16. [vidéo] The Shift Project, Comment faire de l'emploi le moteur de la transition bas-carbone ? sur YouTube
  17. a b et c Communiqué de presse GIFAS du 18 mars 2008
  18. « Construction et activités navales | Cluster Maritime Français », sur www.cluster-maritime.fr (consulté le )
  19. Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, « Industries et technologies de défense », sur France Diplomatie : : Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (consulté le )
  20. « Rapport au Parlement 2016 sur les exportations d'armement de la France », sur www.defense.gouv.fr (consulté le )
  21. « Comité national pour le développement du bois, l'ameublement. », sur cndb.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Élie Cohen, Souveraineté industrielle, Vers un nouveau modèle productif, Odile Jacob, 2022

Articles connexes[modifier | modifier le code]