Les députés votent « l’amendement le plus cher de la Vᵉ République »
Ils n’étaient que 50 dans l’hémicycle, sans forcément se douter qu’ils vivaient peut-être là un moment historique. L’exécutif a fait voter, au terme d’un débat express de 45 minutes à l’Assemblée Nationale, les 34 milliards d’euros du plan France 2030 annoncé mi-octobre par Emmanuel Macron.
Les députés des différents groupes se plaignaient de la méthode choisie par le gouvernement pour son budget 2022. Un amendement déposé tardivement et qualifié de « plus cher de la Vᵉ République ».
Bruno Le Maire, le ministre des Finances, avait ainsi assumé de présenter un texte incomplet, dans l’attente des arbitrages, notamment sur le plan France 2030 ou sur le contrat d’engagement pour les jeunes , bientôt rejoints par ceux visant à limiter les effets de la flambée des prix de l’énergie . Tous ces arbitrages ont fini par arriver , au point que le gouvernement a déposé une cinquantaine d’amendements depuis quelques jours.
« Je veux bien que le gouvernement ait besoin de temps en période de crise, mais il faut admettre que le Parlement a du mal à y voir clair », a regretté ce lundi Eric Woerth , le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale.
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Cette méthode pour le moins inhabituelle a été jugée particulièrement peu opportune pour l’amendement consacré au seul plan France 2030 , qui prévoit pas moins de 34 milliards d’engagements sur cinq ans et 3,5 milliards de crédits effectifs dès 2022 . « Vous êtes en train de cacher ce plan alors qu’il devrait faire l’objet d’un projet de loi à lui tout seul . » « C’est un amendement qui mériterait dix débats, sur chacun des domaines concernés par le plan », a renchéri François Ruffin .
Sur le fond, Eric Woerth et Eric Coquerel se sont rejoints pour mettre en garde contre les défauts des précédents Plans d’investissements d’avenir , dont seulement la moitié des 60 milliards prévus ont effectivement été déboursés. Laurent Saint-Martin (LREM), l’actuel rapporteur général du Budget a néanmoins réclamé à l’exécutif que les parlementaires soient associés à la future gouvernance de ce plan France 2030, toujours pas connue pour le moment.