Le pouvoir d’achat au coeur des grèves
Sur fond de conflits sociaux, la question du pouvoir d’achat reflète un mécontentement réel. Le gouvernement s’apprête à annoncer une série de mesures.Et revoilà la question du pouvoir d’achat sur le devant de la scène : dans les supermarchés, la valse des étiquettes sur les produits alimentaires se poursuit, entraînée par l’envolée des matières premières, tandis que le prix de l’essence à la pompe fait les frais d’un baril de pétrole qui tutoie les 100 dollars.
Signe des temps, les indicateurs nationaux, jusqu’alors insensibles, commencent à refléter cette tendance, et même les banques centrales expriment leur inquiétude.
«Je pense que nous devons encore faire davantage pour augmenter le pouvoir d’achat des plus modestes», soulignait le député UMP d’Ille-et-Vilaine, Pierre Méhaignerie, vendredi, dans un entretien aux Échos.
Les prochaines échéances électorales, notamment municipales, se joueront sur l’amélioration de l’emploi mais aussi sur la perception des inégalités de la société française.
C’est le seul point qui peut nous faire chuter.
Nul doute, en tout cas, que les fonctionnaires, qui ont fait du pouvoir d’achat la revendication centrale de leur grève mercredi 21 novembre, trouveront là du grain à moudre…
Mais les agents publics ne sont pas les seuls à avoir le sentiment de ne plus joindre les deux bouts.
Face à une opinion particulièrement impatiente sur ce sujet, le gouvernement semble avoir pris conscience du danger et travaille aujourd’hui à la présentation d’une série de mesures rapides, que le président de la République, Nicolas Sarkozy, pourrait annoncer dès cette semaine.
Une manière de déminer le terrain social et d’éviter l’accumulation des mécontentements, en pleine grogne sur la réforme des régimes spéciaux.
Pour Robert Rochefort, directeur du Crédoc, «ce sujet économique est devenu éminemment politique et appelle quelques réponses urgentes avant Noël».
Mais que peut-on faire et dans quels délais, alors que la croissance française reste molle et les déficits importants?
Dans ce domaine, celui qui s’est proclamé «le président du pouvoir d’achat» n’a pas forcément les coudées franches et son volontarisme risque de se heurter aux réalités de terrain.
Avec la réforme de la loi Galland, qui régit les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs, le gouvernement tente d’apporter une réponse à l’opinion en autorisant les grandes surfaces à répercuter, au profit des consommateurs, la totalité des réductions qu’elles négocient auprès de leurs fournisseurs.
Le récent doublement de la «prime fioul», pour aider les ménages modestes à se chauffer, fait figure de rustine.
Si on ne peut pas baisser les prix, pourquoi ne pas augmenter les salaires?
Oui mais l’État n’a pas la mainmise sur les rémunérations du privé.
En outre, les fonctionnaires, qui réclament en vain une augmentation générale, considèrent que leur employeur est loin d’être un modèle…
«La seule marge d’action de l’État sur le privé est la fixation du smic», explique Éric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).