16 avril 2024

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Libéralisation de l’energie ? Les Français n’en veulent pas

Libéralisation de l'energie ? Les Français n'en veulent pasUn sondage TNS/Sofres-Logica vient de révéler que les ménages français ne sont qu’une poignée à avoir changé de fournisseur d’électricité ou de gaz depuis l’ouverture totale du marché européen de l’énergie à la concurrence il y a un an, sur injonction de Bruxelles. Seuls 3% des Français ont changé de fournisseur depuis l’ouverture du marché au 1er juillet 2007.

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) confirme d’ailleurs les enseignements de ce sondage : le nombre de foyers ayant choisi un fournisseur “alternatif” d’électricité ou de gaz à prix libres (autre qu’EDF ou GDF) reste extrêmement faible. Fin mai 2008 – soit onze mois après la déréglementation exigée par la Commission européenne – , seuls 221 000 foyers, sur un total de 29,5 millions, avaient choisi un fournisseur “alternatif” d’électricité. Pour le gaz, 175 000 foyers, sur 11 millions, avaient choisi un fournisseur “alternatif”. Ces deux nombres ne sont d’ailleurs pas cumulables, certains ménages ayant changé à la fois de fournisseur de gaz et d’électricité.

Cette absence totale d’engouement pour la concurrence tient, selon TNS/Sofres-Logica, à plusieurs facteurs :

– d’une part une certaine méconnaissance de la nouvelle réglementation : seuls 43% des Français savent que le marché a été ouvert à la concurrence. Les trois-quarts d’entre eux ne savent pas citer de fournisseur d’électricité hormis EDF, et 85% disent ne pas connaître les nouveaux fournisseurs de gaz.
– d’autre part le fait que les consommateurs craignent que le changement de fournisseur ne soit la préfiguration d’une envolée de la facture, alors que les prix de l’électricité et du gaz s’envolent sur les marchés, dans le sillage de ceux du charbon et du pétrole. 70% des personnes interrogées s’attendent en effet à voir les tarifs augmenter (contre 49% en 2007) et 28% craignent que la qualité de service ne se dégrade (contre 25%) du fait de cette prétendue «” libéralisation ” . Une majorité de Français préfèrent donc continuer à payer leur énergie à des prix réglementés, généralement inférieurs à ceux du marché.
– enfin, une majorité des personnes interrogées sont rebutées par la complexité des offres, qui peuvent être “duales” –à la fois gaz et électricité–, “vertes”, voire assorties de services. Près de la moitié des sondés estiment que changer de fournisseur est ” aussi compliqué que changer de fournisseur internet ou de téléphonie mobile “.

Du coup, 97% des Français restent pour l’instant fidèles aux opérateurs historiques EDF et GDF, grands gagnants de l’ouverture à la concurrence. Détail savoureux, 80% des clients qui ont été perdus par EDF ne sont pas allés chez de nouveaux opérateurs étrangers mais sont passés chez GDF et inversement. Plus cocasse encore, pour tenter de lutter contre l’immobilisme des Français qui veulent conserver EDF et GDF, le gouvernement et certains fournisseurs ont obtenu l’adoption par le Parlement d’une disposition qui permettra aux clients de revenir aux tarifs réglementés… après avoir choisi une offre à prix libre !

COMMENTAIRE

La ” libéralisation ” du marché de l’énergie – c’est-à-dire la mise en concurrence des fournisseurs d’électricité et de gaz – fait partie de ces mesures idéologiques que les européistes considèrent comme étant l’un des apports majeurs de la construction européenne, censés améliorer la vie quotidienne de ce qu’ils appellent les ” Européens “.

A lire les billevesées bruxelloises et celles de leurs relais serviles en France, certains avaient fini par croire que les Français trépignaient d’impatience à l’idée de voir l’adoption de ce genre de réformes ultra-libérales. La ” libéralisation ” du marché de l’énergie était d’ailleurs l’un des points essentiels des prétendues ” réformes indispensables ” pour permettre à la France de renouer avec une forte croissance. Cette réforme était mentionnée noir sur blanc dans les instructions économiques fixées par la Commission européenne à la France (Rapport COM (2003) du 8 avril 2003 concernant les Grandes orientations des politiques économiques des Etats-membres (période 2003-2005).

En réalité, les Français votent avec les pieds et montrent le soutien populaire réel à cette fuite en avant vers une Europe ultra-libérale : 3%. C’est pile-poil le score qu’avait fait Alain Madelin à l’élection présidentielle de 2002.

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