mardi, 22 avril 2025, 10h44:02

Perception des français sur le vieillissement et la fin de vie

Fin mai, l’Assemblée nationale devrait, selon l’annonce faite par le Gouvernement le 25 février dernier, étudier deux propositions de loi, l’une dédiée aux soins palliatifs, l’autre à la fin de vie.

Dans ce contexte et en amont de la journée mondiale de la santé le 7 avril, LNA Santé a souhaité mesurer la perception qu’ont les Français sur la dernière étape de leur existence en particulier et de leur propre vieillissement de manière plus générale.

Vivent-ils l’avancée en âge de manière plutôt positive ou négative ? Quel âge souhaitent-ils atteindre en bonne santé si cela leur est possible ? Pensent-ils que leur mode de vie actuel les place dans des conditions favorables pour y parvenir ? Qu’entreprennent-ils pour bien vieillir ? Sont-ils prêts à utiliser différents traitements et techniques pour ralentir le processus biologique ? Dans quel cadre envisagent-ils le mieux leurs derniers jours et se sentent-ils suffisamment informés sur les options qui s’offrent à eux ?

Afin de répondre à ces questions, plus de 2 000 personnes ont participé à une vaste enquête conduite par l’institut Flashs pour LNA Santé. Leurs réponses apportent un éclairage particulièrement intéressant sur leur manière d’appréhender l’évolution vers le grand âge, entre pratiques mises en œuvre pour bien vieillir, intérêt pour les traitements et innovations médicales, craintes liées aux handicaps ou encore manque de repères sur les dispositifs liés à la fin de vie.

Les femmes et les jeunes plus négatifs sur le vieillissement

Aujourd'hui comment percevez-vous le vieillissement ? (Voir détail dans la page)

La perception du vieillissement divise les Français en trois blocs. Les plus nombreux (37 %) adoptent une attitude neutre sans qualifier le phénomène de manière positive ou négative. Ceux qui expriment une opinion plutôt négative (35 %, soit un sur trois) sont sensiblement plus nombreux que ceux qui, au contraire, voient le vieillissement sous un angle plutôt positif (26 %, soit un sur quatre). En l’espèce, les femmes expriment un sentiment défavorable plus affirmé que les hommes (39 % contre 30 %), ce qui est également le cas des plus jeunes comparativement à leurs aînés : 36 % des 18-34 ans l’envisagent de manière négative contre 27 % chez les plus de 65 ans.

L’âge idéal en bonne santé

 

Jusqu'à quel âge aimeriez-vous idéalement vivre si votre santé était préservée ? (Voir détail dans la page)

Lorsqu’on les interroge sur l’âge idéal qu’ils aimeraient atteindre en bonne santé, 70 % de nos concitoyens le situent dans une fourchette comprise entre 80 et 100 ans (40 % entre 80 et 90 ans et 30 % entre 90 et 100 ans). Si elle séduit beaucoup moins, la perspective de passer la barre du siècle passé sur terre attire tout de même plus d’un Français sur dix (12 %), dont la moitié (6 %) se verraient bien aller au-delà des 120 ans. À l’inverse, 18 % des répondants n’aimeraient pas voir leur existence se prolonger après 80 ans, même en bonne santé.

Dans le détail, les plus jeunes sont les plus nombreux à souhaiter vivre au-delà de 100 ans : c’est le cas de 18 % des 18-34 ans, chiffre qui tombe à 12 % chez les 35-49 ans, puis respectivement à 7 % et 9 % parmi les 50-64 ans et les plus de 65 ans. Les hommes sont également plus nombreux que les femmes à envisager de franchir ce seuil symbolique (15 % contre 9 %).

Des français actifs et soucieux de leur alimentation

Le mode de vie est un facteur essentiel du bien vieillir. Parmi les personnes interrogées, près de sept sur dix (68 %) estiment que leurs habitudes vont dans le bon sens, les hommes (73%) sensiblement plus que les femmes (64%). Au cœur des messages de prévention régulièrement diffusés, pratiquer une activité physique et manger sainement font partie des incontournables, tant leurs effets positifs sur la santé sont avérés. À l’évidence, les Français les entendent et les appliquent :  ils sont 65 % à dire qu’ils pratiquent une activité physique régulière, et autant à veiller à l’équilibre de leur alimentation.

Près de 7 personnes sur 10 considèrent que leur mode de vie actuel leur permettrait de bien vieillir (Voir détail dans la page)

Les actions de prévention évoluent avec l’âge

Si elles restent aux yeux des autorités de santé toujours inférieures à ce qu’elles devraient être, les actions de prévention, via des bilans et des dépistages, sont suivies par près de quatre personnes sur dix (38 %). Logiquement, les chiffres varient fortement en fonction de l’âge des répondants : si 26 % des 18-34 ans s’inscrivent dans ce cadre, ils sont 47 % chez les 50-64 ans et 54 % chez les plus de 65 ans. Parmi les autres mesures mises en œuvre figurent l’arrêt ou la diminution du tabac (30 %) et de l’alcool (26 %), la prise de compléments ou vitamines anti-âge (16 %) ou encore l’adoption de techniques visant à contrôler le stress (15 %).

Oui au traitement antivieillissement

Au-delà de ces bonnes pratiques, les Français sont-ils tentés par la prise d’un traitement médical à l’efficacité prouvée pour ralentir leur vieillissement ? Une large majorité des deux tiers (64 %) répond positivement. 23 % sont prêts à y souscrire immédiatement, mais 41 % jouent la prudence et ressentent la nécessité d’attendre les résultats de plusieurs années d’expérimentation sur l’être humain. Une proportion non négligeable des personnes interrogées rejette pour sa part cette perspective, notamment les 30 % qui préfèrent laisser le processus de vieillissement s’opérer naturellement.

Près des 2 tiers des Français et Françaises seraient disposés à prendre un traitement médical pour ralentir le vieillissement, si son efficacité était démontrée (voir détail ci-dessus)

Lorsque l’on entre un peu plus dans le détail des avancées médicales qui pourraient séduire nos concitoyens en matière de lutte contre les affres de l’âge, l’hypothèse d’un traitement médicamenteux scientifiquement validé arrive très largement en tête avec plus de la moitié des répondants (53 %) se disant prêts à l’utiliser. Loin derrière figurent l’installation d’implants ou de prothèses pour suppléer des organes vieillissants (18 %), la modification de l’ADN pour booster la longévité (14 %) et la transfusion de cellules ou de plasma (14 % également). Il n’en reste pas moins qu’un Français sur trois (34 %) rejette l’ensemble de ces technologies.

Préserver le cognitif d’abord

Si un traitement permettait de rajeunir certaines fonctions du corps, laquelle vous intéresserait prioritairement ? (Voir détail ci-dessus)

Invités à choisir à quelle fonction de leur corps ils seraient prêts à consacrer un traitement de rajeunissement, 29 % des Français désignent les fonctions cognitives, devant les muscles et articulations (23 %) et le système cardio-vasculaire (16 %). L’apparence et la vitalité de la peau ainsi que le métabolisme et l’énergie ne sont mis en avant que par environ un répondant sur dix, tandis que 12 % indiquent ne pas être intéressés par ce type de cure de jouvence.

Finir ses jours à domicile

Si vous deviez envisager un accompagnement médical en fin de vie, quel type de prise en charge préfériez-vous ? (Voir détail ci-dessous)

Quand bien même une bonne hygiène de vie et les progrès de la science offrent d’indéniables possibilités de vieillir en bonne santé, la fin de vie demeure un moment inéluctable. Ce stade ultime, les Français souhaitent pour près de la moitié d’entre eux (49%) le passer à leur domicile avec l’appui d’un suivi médical renforcé. 26% seraient prêts à être accueillis en structure. Parmi ces derniers, 14 % privilégient un établissement médicalisé, entourés d’un accompagnement humain et personnalisé, tandis que 12 % privilégient la perspective de finir leurs jours au sein d’une structure offrant à la fois soins et lien social. Enfin, près d’un répondant sur cinq (18 %) préfère ne pas se projeter dans cette phase ultime de son existence.

La crainte de souffrir

Quelles sont vos deux plus grandes craintes concernant votre propre fin de vie ? (voir détail ci-dessous)

Vieillir et s’approcher de la fin de vie, c’est, qu’on les anticipe ou non, devoir affronter un certain nombre d’épreuves. Interrogés sur leurs deux plus grandes craintes en la matière, l’éventualité de souffrir sans pouvoir être soulagé est redoutée par la moitié (50 %) des personnes interrogées dans cette étude. Devenir un poids pour l’entourage arrive en seconde position avec 36 % des opinions exprimées, suivi par la perte des facultés cognitives (27 %) et l’obligation de quitter son domicile faute de pouvoir y vivre de manière autonome (23 %). Dans une moindre mesure, 18 % des Français appréhendent de finir leurs jours seuls, ou bien dans un environnement impersonnel et médicalisé (14 %). A peine 6% disent ne pas avoir de crainte particulière au sujet de leurs derniers jours.

Fin de vie : une information insuffisante

Avez-vous le sentiment d'être suffisamment informé(e) sur les différentes options légales concernant la fin de vie en France ? (Voir ci-dessous)

De la fin de vie, il est actuellement question avec l’étude, annoncée le 25 février par le Gouvernement, de deux propositions de loi en mai à l’Assemblée nationale, l’un consacré aux soins palliatifs, l’autre à la fin de vie. Textes qui auront, c’est à espérer, la vertu de mettre en lumière les options qui s’offrent au Français au crépuscule de leur existence, ces derniers semblant en effet manquer de repères. Pour preuve, les deux tiers d’entre eux (65 %) s’estiment insuffisamment informés sur les conditions légales entourant la fin de vie dans notre pays, dont 16 % jugent qu’ils ne le sont pas du tout. Parmi ceux qui, au contraire, se disent au fait des dispositions en vigueur, seuls 9 % disent tout à fait bien les connaître.

Près de 1 personne sur 2 ne connait pas la différence entre l'aide à mourir, l'euthanasie et le suicide assisté (voir détail ci-dessous)

Concernant plus précisément les soins palliatifs, une large majorité de nos concitoyens en ont connaissance, mais de manière plutôt partielle : 67 % indiquent en avoir une vague idée quand 18 % disent savoir exactement en quoi ils consistent. En revanche, leur niveau de connaissances est bien plus faible quand on leur demande s’ils sont capables de différencier l’aide à mourir, l’euthanasie et le suicide assisté. 51 % estiment en être capables, mais seulement 11 % de manière claire. En revanche, plus du quart (26 %) des personnes interrogées jugent qu’il n’y a pas de différences entre ces trois alternatives et 23 % ne sont pas capables d’expliquer lesdites différences.

Enquête réalisée par FLASHS pour LNA Santé du 11 au 14 mars 2025 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 2003 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus, représentatif de la population française.

Source : https://www.lna-sante.com/enquete/

Envoi par email
RSS