Facebook, Twitter et Google+ : l’UFC Que Choisir les attaque en justice
Facebook, Twitter et Google+ : l’UFC Que Choisir les attaque en justice. Après plusieurs mois de discussion avec Facebook, Twitter et Google+ autour leur politique de confidentialité, qu’elle juge illicite et abusive, l’UFC Que Choisir a finalement assigné les trois réseaux sociaux en justice devant le tribunal de grande instance de Paris.
Malgré une mise en demeure en juin et quelques modifications fin 2013, « les conditions sont toujours aussi inaccessibles, illisibles, remplies de liens hypertextes (entre 40 et 100 liens) renvoyant parfois à des pages en langue anglaise », s’insurge l’association de consommateurs.
« Pour exploiter et communiquer des données à des partenaires économiques sans autorisation, là il y a du monde.
Mais dès qu’il s’agit d’assumer il n’y a plus personne », déclare Amal Taleb, juriste spécialisée en droit de la concurrence pour Que Choisir.
L’association reproche ainsi aux trois réseaux sociaux les clauses via lesquelles ils s’exonèrent de toute responsabilité si le site plante ou est attaqué (par exemple).
« Imaginons que quelqu’un pirate Facebook, Twitter ou Google+ et qu’il récupère vos données personnelles ou bien qu’il les modifie », explique la juriste de l’association.
« Ou bien imaginons encore que vos données soient modifiées d’une manière ou d’une autre suite à un gros plantage.
Et bien on vous répondra : tant pis pour vous ».
« Pire, les réseaux persistent à s’autoriser très largement la collecte, la modification, la conservation et l’exploitation des données des utilisateurs et même de leur entourage », renchérit l’association.
Amal Taleb évoque notamment le cas de la jeune Rehtaeh Parsons, qui a secoué le Canada. Cette adolescente de 17 ans s’est suicidée en avril 2013.
Victime d’un viol collectif en 2011, elle subissait le harcèlement de ses camarades après la diffusion d’une photo de l’agression sur la toile. Une affaire de laquelle s’était même emparé le groupe hacktiviste Anonymous.
Ses membres avaient réussi à identifier les violeurs présumés et avaient transmis leur identité à la police canadienne, qui a fini par rouvrir l’enquête.
Or quelques mois après le suicide de Rehtaeh Parsons, un site de rencontre a utilisé la photo de profil Facebook de la jeune fille dans l’une de ses publicités.
L’affaire a créé un tel tollé que Facebook a fini par présenter des excuses publiques et a annoncé que la société en question ne serait plus jamais autorisée à publier de nouvelles annonces sur le réseau social.
Le responsable du site de rencontres a affirmé de son côté que l’image avait été prise au hasard sur Google, qu’il ne connaissait pas l’histoire de la jeune femme et qu’il regrettait.
Une affaire qui illustre tristement la façon dont des contenus publiés sur les réseaux sociaux peuvent totalement échapper au contrôle des internautes en général et des personnes concernées en particulier.
« C’est encore pire dans le cas de contenus publiés par un tiers, surtout si vous ne le connaissez pas », ajoute Amal Taleb.
Pourtant, selon un sondage publié en février, la protection des données personnelles est une préoccupation forte pour 85% des Français.
Mais seuls 24% des personnes ayant cherché à effacer la totalité des données les concernant y sont parvenues.
« Opacité, exonération de responsabilité, diffusion : voici donc les trois fléaux des réseaux sociaux », qui ont poussé Que Choisir à assigner Facebook, Twitter et Google+ en justice.
Et l’association ne mène pas ce combat seule. Le Parlement européen a lui-même adopté en avril un texte qui érige en principe législatif le droit du consommateur à avoir le contrôle sur ses données.
Il reste encore aux gouvernements nationaux à adopter la réforme européenne.
En vous rendant depuis n’importe quel ordinateur connecté à Internet, sur Android Device Manager, vous pouvez géolocaliser votre smartphone et effacer les données qu’il contient.
Résumé art Alexandra Tauziac de Sudouest