Conflit d’intérêts : le virage de Jean-François Copé
Comme Frédéric Lefebvre, nouveau secrétaire d’Etat, Jean-François Copé a choisi de cesser d’exercer son activité d’avocat. Le nouveau patron de l’UMP l’a annoncé, mercredi 17 novembre, à la presse : « Compte tenu de la charge de travail que constitue le secrétariat général et des nombreux déplacements à travers la France que j’effectuerai, j’ai décidé de quitter mes fonctions au sein du cabinet d’avocats [Gide-Loyrette Nouel]. »
Il continuera de conseiller des clients, mais « ne travaillera plus au sein du cabinet ».
Jean-François Copé, député-maire de Meaux, ex-chef de file des députés UMP à l’Assemblée, n’a pourtant pas toujours jugé ses activités d’avocat impossibles à assumer en même temps que ses fonctions politiques.
Sur RTL, le 25 septembre 2007, il assure que cumuler ainsi mairie, Assemblée et cabinet d’avocats n’est pas un souci : « C’est un choix que j’ai fait parce que je pense que quand on fait de la politique depuis quelques années, c’est bien d’avoir une activité professionnnelle qui vous permette de rester aussi de manière très concrète sur des choses un peu différentes.
Il faut dire que le cumul des fonctions assure au député-maire de Meaux de très confortables revenus : selon Capital, il toucherait environ 200 000 euros annuels d’honoraires, en plus de ses 9 730 euros mensuels de député-maire.
Aucun problème pour Jean-François Copé : tout est légal, le bureau de l’Assemblée lui ayant donné l’autorisation de cumuler son mandat et son métier.
Il promet d’ailleurs que son « activité d’avocat, bien sûr, ne concernera en aucun cas ni l’Etat, ni les dossiers [qu’il a] pu traiter en tant que ministre ».
Mais, en janvier 2010, L’Homme pressé, une biographie que lui consacrent deux journalistes de La Croix, évoque un conflit d’intérêts, l’avocat ayant utilisé sa position de chef de file des députés UMP pour enterrer un projet de loi qui déplaisait à son cabinet.
Les chose s’aggravent encore avec l’affaire Bettencourt, qui éclate à l’été 2010.
Comme Frédéric Lefebvre, qui a annoncé céder les parts qu’il possède dans une société de lobbying et renoncer à son métier d’avocat tant qu’il est ministre, Jean-François Copé abandonne donc son travail au sein du cabinet Gide-Loyrette Nouel, qu’il a pourtant pris tant de peine à justifier.
Officiellement, pour une raison d’emploi du temps.
Selon Le Monde du 19 novembre, il s’agit surtout d’une « demande expresse » de l’Elysée, à qui l’affaire Bettencourt a fait comprendre la nécessité de cesser le mélange des genres.
Petite différence néammoins : alors que Frédéric Lefebvre n’exercera plus du tout son métier, Jean-François Copé se garde le droit de continuer à conseiller ses clients. S