Kadhafi-Sarkozy : nouvelles révélations
Le mémo » GEN/ NS V. MEMO DG « , qui embarrasse Nicolas Sarkozy, c’est lui. L’enquêteur privé Jean-Charles Brisard a explicité, lors d’un entretien enregistré par Mediapart, le contenu de son mémo mettant en cause le financement par le régime Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Ancien membre de l’équipe de campagne d’Édouard Balladur en 1995, M. Brisard a notamment confirmé la mention du nom de l’ancien ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, dans le montage financier.
Dirigeant d’une société de renseignements privés, JCB Consulting, basée en Suisse et spécialisée dans les enquêtes sur le financement du terrorisme, Jean-Charles Brisard avait recueilli, en décembre 2006, les confessions du médecin personnel du marchand d’armes Ziad Takieddine, le docteur Didier Grosskopf.
Bisard© dr » Hortefeux est cité dans le schéma.
Il était le « front » en fait ; c’était lui qui était vraisemblablement le destinataire des fonds « , a confié à Mediapart M. Brisard.
Selon son mémo » GEN/ NS V. MEMO DG « , le » montage » incluait en effet une » société BH Pan « .
Comprendre : une société panaméenne liée à Brice Hortefeux, adossée à une banque suisse, dont le nom ne lui avait toutefois pas été fourni.
D’après le mémo, les » modalités de financement de la campagne » de Nicolas Sarkozy en 2007 ont été » réglées lors de la visite en Libye » de » NS + BH « , en octobre 2005.
Ce que semblaient déjà suggérer les notes personnelles adressées à la même période par Ziad Takieddine à Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, aujourd’hui entre les mains de la justice (Lire notre précédent article).
Selon le « mémo Brisard », Ziad Takieddine, chef d’orchestre depuis le printemps 2005 d’un rapprochement entre MM. Sarkozy et Kadhafi, avait été » chargé du montage « .
À cette époque, le marchand d’armes voyageait en permanence accompagné de son médecin, devenu témoin malgré lui, avant d’être l’homme qui en sait trop.
» Il (Didier Grosskopf – ndlr) m’a cité deux contrats dont les rétrocommissions ont servi à ça « , a poursuivi M. Brisard lors de notre entretien.
Comme l’indique la suite du mémo » GEN/ NS V. MEMO DG » (voir ci-dessous), le Dr Grosskopf aurait personnellement » soigné Saïf al-Islam « , l’un des fils du colonel Kadhafi, aujourd’hui emprisonné en Libye.
Né le 13 mai 1968, Jean-Charles Brisard a débuté sa carrière au cabinet militaire d’Édouard Balladur, alors premier ministre (1993-1995), avant de diriger la « cellule jeunes » de son équipe de campagne pour l’élection présidentielle.
C’est là qu’il va nouer de solides contacts au sein de la Direction de la surveillance du territoire (aujourd’hui DCRI), avant de s’installer en Suisse en 2003 où il » dirige l’enquête internationale des familles des victimes du 11 septembre sur le terrorisme islamiste « .
Dans la liste des notes qu’il a communiquée aux enquêteurs, M. Brisard fait aussi figurer quatre fichiers intitulés » EPOC » (Copé à l’envers) concernant Jean-François Copé. S Payante