Laïcité : trois heures de débat
Il s’agit là du fameux débat sur l’islam et la laïcité voulu par Nicolas Sarkozy, il y a deux mois. A l’époque, le 10 février, lors de l’émission « Paroles de Français », le président de la République déclare, à propos de l’intégration des musulmans : « Cela pose la question de l’islam et de nos compatriotes musulmans. Mais il ne peut s’agir que d’un islam de France et non pas d’un islam en France. » Quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy officialise le débat au cours d’une réunion à l’Elysée avec la direction de l’UMP.
UNE FRACTURE À L’UMP Rapidement, l’initiative suscite des critiques, certains pointant le risque de stigmatisation des musulmans.
Après des semaines de polémique dans la presse, des représentants des six cultes de France publieront même, mercredi 30 mars, une tribune pour manifester leur opposition à ce débat et pour réaffirmer leur attachement à la laïcité.
En réponse à la polémique, la majorité tente de rassurer et de dissiper les malentendus : début mars, malgré les propos initiaux de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé affirme qu’il « n’a jamais été question d’un débat sur l’islam ».
Mais d’une « réflexion sur notre pacte républicain » et sur la laïcité…
La fracture s’agrandit fin mars, quand le parti majoritaire se trouve secoué par une autre polémique, autour des consignes à appliquer au second tour des cantonales en cas de duel entre des candidats FN et PS : Le « ni front républicain ni FN » prôné par MM. Sarkozy et Copé s’oppose au « barrage contre le FN » défendu par François Fillon ou Nathalie Kosciusko-Morizet.
Cette sortie provoque la colère du secrétaire général de l’UMP, qui l’accuse publiquement de « ne pas jouer collectif ».
Officiellement ressoudée, la fracture entre le chef du parti et le premier ministre laisse le sentiment qu’il y a deux droites qui cohabitent mal dans la majorité : une qui pense qu’il faut davantage se concentrer sur les sujets économiques et sociaux, ainsi que le recommandent certains centristes, et une autre qui ne veut pas abandonner au FN certains thèmes de droite.
Jean-François Copé a fait préciser qu’il présenterait, mardi 5 avril également, vingt-six propositions dont certaines pourraient être appliquées avant 2012 « sans évolution législative ». S