Le vote blanc
Le vote blanc. Au terme de vingt années de débats souvent contraires, la 27e proposition de loi aura donc été la bonne. Quoique prudemment repoussée par les députés au lendemain de l’échéance municipale, la reconnaissance du vote blanc sera ainsi effective dès les élections européennes du 25 mai. Assimilé depuis 1852 au vote nul (non conforme, parce que raturé ou déchiré), le bulletin blanc exprime désormais officiellement la volonté de ne voter pour aucun candidat (1).
«L’absence de reconnaissance de la voix de l’électeur qui se déplace pour accomplir son devoir était choquante en démocratie», explique le sénateur François Zoccheto, l’un des deux rapporteurs UDI du texte.
Du baume au coeur civique d’une partie de ces 1,59 million de Français (5,49 % des votants) ayant glissé dans l’urne un papier blanc ou nul au soir du premier tour des dernières municipales.
Souci affiché d’enrayer l’abstention autant que de lutter discrètement contre le vote extrême, la loi ne fera pour autant que prendre en compte ces votes, à défaut de les intégrer ensuite aux suffrages exprimés.
«Une farce, l’Assemblée a purement et simplement censuré cette loi», s’agace en particulier Francis Lenne, tête de liste des Citoyens du vote blanc dans la circonscription Sud-Ouest.
Tronqué par des parlementaires craignant d’être battus par ce concurrent anonyme, persiflent en substance les militants du vote blanc.
Ceux rappelant ainsi à l’envi que si les 2 millions de bulletins blancs ou nuls avaient été comptés en 2012, François Hollande n’aurait probablement pas obtenu la majorité au second tour.
«Soyons réalistes, la prise en compte réelle du vote blanc n’empêcherait pas d’élire un candidat», se défend malgré tout Francis Lenne.
S’il n’existe encore aucune projection fiable sur ce type de vote aux européennes, les instituts de sondages laissent en revanche déjà planer la menace d’une abstention record dans l’Union, avec – selon les plus pessimistes – jusqu’à deux tiers de citoyens boudant les urnes.
Certainement l’une des raisons pour lesquelles les députés, après en avoir débattu, auront également renoncé à mettre des bulletins blancs à disposition des électeurs.
(1) Les enveloppes vides seront également considérées comme des bulletins blancs.
Résumé art Sylvain Cottin de Sudouest