Panique au sommet de l’exécutif
Depuis quelques semaines, l’improvisation tient lieu de ligne directrice à l’Elysée. De la multiplication des affaires au remaniement ministériel, Nicolas Sarkozy n’avait jamais semblé subir ainsi les événements. Voici un président qui donne aujourd’hui l’impression de ne plus maîtriser ni le temps ni les hommes. Au soir du second tour des régionales de mars, Nicolas Sarkozy ne veut pas comprendre.
Lui, le grand spécialiste des élections, ne se rend pas compte de la situation.
« Il n’a pas cru que le Front national avait réalisé un bon score avec ses 9 %, raconte un proche.
Or ce résultat obtenu dans seulement 12 régions, appliqué à l’ensemble du territoire, équivalait à une performance nettement supérieure. »
Est-il en train de perdre la main?
Les révélations sur les membres du gouvernement se multiplient, mais le président ne bouge pas.
« Tout ce que je ferai à chaud compliquera ma tâche », assure le chef de l’Etat aux députés UMP, le 30 juin.
Selon une formule actuellement utilisée aussi bien par Nicolas Sarkozy que par ses conseillers, « la monstration [sic] est plus importante que la démonstration ».
Et il semble oublier ses propres fondamentaux, de la vitesse de réaction à la prise en compte des symboles politiques.
Même la séquence des démissions ministérielles aura été ratée.
Le 27 juin, Alain Joyandet observe Eric Woerth, bombardé de questions sur l’affaire Bettencourt, se défendre au cours du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.
Trois ministres sont présents : Bernard Kouchner, Hubert Falco, Alain Joyandet.
Le secrétaire d’Etat à la Coopération conclut son intervention en informant le président qu’il souhaite le voir brièvement en tête à tête, à l’issue de la séance de travail.
Venu avec sa lettre de démission, Joyandet la laisse à Claude Guéant, lequel tentera de le dissuader.
« Le président est totalement conscient de l’affaiblissement du ministre du Travail », confie néanmoins un proche.
Pourquoi n’a-t-il pas montré l’exemple en sanctionnant Blanc dès que sont sorties, le 16 juin, les révélations du Canard enchaînésur l’achat de ses cigares avec des deniers publics?
Immédiatement, le chef de l’Etat considère qu’une éviction du secrétaire d’Etat, réclamée par François Fillon, affaiblirait Eric Woerth.
Certains parmi ses plus proches en ont toujours douté.
Désormais, une large majorité de ses concitoyens (55%, selon l’enquête BVA-Orange-France Inter-L Express) – la mémoire peut-être fragile quand on se souvient des dérives des précédents mandats présidentiels – ont « le sentiment que les affaires mêlant hommes politiques et argent sont plus nombreuses depuis l’élection de Nicolas Sarkozy ». Source