PSG : de dribbleur à buteur, Ousmane Dembélé à la bonne heure

Deux triplés en trois jours – du jamais vu dans la riche histoire du Paris Saint-Germain -, quatorze buts en huit matches et étiquette de joueur le plus prolifique des cinq grands championnats européens en 2025. Ousmane Dembélé a gardé ses crochets, tout en faisant trembler les filets.

Avec une efficacité qu’on ne lui avait jamais connue dans sa carrière. Au point de recevoir des louanges de Kylian Mbappé dans l’Equipe (Nouvelle fenêtre)– “Je ne suis pas surpris, c’est un top joueur” –, de Didier Deschamps et même de son entraîneur Luis Enrique, qui l’avait pourtant écarté à l’automne en Ligue des champions.

“Ousmane a toujours été un joueur différent. Il peut devenir le joueur qu’il souhaite parce qu’il n’a pas d’égal. S’il reste serein et tranquille, il peut marquer avec la tête, les pieds. C’est un garçon intelligent. Il a su profiter des moments offerts par ses coéquipiers”, avait ainsi déclaré l’Asturien après les deux triplés consécutifs de son joueur.
L’âge de la maturité

Celui qui a marqué plus de buts en deux mois avec le PSG, que lors de ces quatre dernières saisons avec son précédent club, le FC Barcelone, fait la fierté de ceux qui l’ont formé, à Rennes. “Le regard est plus qu’admiratif”, reconnaît, sur franceinfo, Romain Ferrier, qui a vu éclore le phénomène en U17 nationaux au Stade Rennais. “On connaissait le joueur dynamiteur, déséquilibrant, capable de faire de grandes différences, c’est lui qui initiait les déséquilibres, il était plutôt sur les dernières passes. Là, en étant au bout de la chaîne, c’est quelque chose d’intéressant dans sa palette d’offensif. En ayant des statistiques, c’est hyper plaisant, cela montre aussi qu’il arrive à un âge, où il commence à avoir une certaine maturité.”

Une maturité soulignée par ceux qui le côtoient. Bosseur, il a su se remettre en question, et ne jamais s’affoler même quand les occasions manquées se multipliaient. “Dembouz” a aussi changé de logiciel. “Jeune, ce qui l’intéressait c’était les uns contre uns, de faire ‘la misère à son vis-à-vis'”, rappelle Romain Ferrier.

“C’est un joueur de contrepied, en capacité de faire des différences tout le temps. Il aime danser, s’amuser avec ses adversaires.” Romain Ferrier, entraîneur d’Ousmane Dembélé en U17 Nationaux au Stade rennais à franceinfo

Avant de glisser : “Et au début, c’était ça, sa priorité dans sa formation. Et quand le football est devenu sérieux, avec les différentes expériences qu’il a eues, il a essayé d’orienter tout ça vers de l’efficacité. Et être efficace, c’est avoir des statistiques. Petit à petit, il l’a compris. La finalité, but, il attaquait le but et essayait de marquer, mais là, je pense qu’il y a une question de maturité et il a beaucoup travaillé pour ça.”

“Il a franchi un cap”, renchérit Mathieu Le Scornet, qui a façonné Ousmane Dembélé au centre de formation du Stade Rennais. Interrogé par franceinfo sur la redoutable efficacité du joueur de 27 ans, il détaille : “Forcément quand on score plus, on franchit un palier. Je ne suis pas surpris, c’est un joueur doté d’une qualité technique exceptionnelle : utilisation des deux pieds, une qualité de passe. Il fallait qu’il puisse aussi finir. Ses qualités de frappe et de finition restaient quand même comme un point inconstant. Là, le repositionnement dans l’axe le met en lumière.”

Maturité mais aussi régularité, Ousmane Dembélé, depuis son arrivée au Paris Saint-Germain, ne s’est quasiment jamais blessé. Le natif d’Evreux prend soin de lui, emmagasine de la confiance, qu’il parvient à retranscrire sur le terrain et, in fine ces dernières semaines, devant les buts. Ce qui lui permet d’entrer dans une autre dimension, celle des Kylian Mbappé, Mohamed Salah ou Erling Haaland.
Des ailes de l’enfer à l’axe du bien

C’est la clé de son efficacité : son repositionnement par Luis Enrique à la pointe de l’attaque. Si ses statistiques en tant qu’ailier sont d’excellentes factures, avec dix réalisations et deux passes décisives en quinze matches, son ratio devient démentiel lorsqu’il évolue à la pointe de l’attaque à trois du PSG : il facture huit buts et une offrande pour six matches joués à ce poste. “Il a une capacité à finir les actions beaucoup plus importantes que lorsqu’il est dans un couloir”, détaille Mathieu Le Scornet. “Il a souvent été dans des positions excentrées, je pense à Barcelone ou lors de son arrivée au PSG. Il y avait une recherche maximale de la largeur, donc plus de chemin pour aller au but et plus d’adversaires à éliminer. Cette nouvelle position, ça le met en face du but et c’est plus prolifique pour lui et pour l’équipe.”

“Dans son rôle de finisseur, il n’est jamais surpris en fait” par les ballons qui arrivent, complète Romain Ferrier. C’est une nouvelle corde à son arc. Au début on peut être surpris de son positionnement car il est tellement bon sur un côté, tellement déséquilibrant, les équipes adverses étaient à deux ou à trois sur lui, c’était un danger permanent. Mais dans l’axe, il fait de vrais appels, de vrais déplacements de joueur de pointe, il a marqué beaucoup de but en une touche à ce poste-là, ça signifie qu’il se prépare à être touché et à attaquer le but. C’est un garçon qui va très vite avec et sans ballon, il a fait preuve de malice, il sait s’arrêter quand il faut, le geste technique est en place pour valider la situation.”
Dembélé, “pleinement intégré dans le projet collectif”

S’il privilégiait par moment la passe à la frappe, Dembélé, en étant axial, se montre un peu plus “égoïste”. Bien aidé par des coéquipiers qui le cherche plus. Le numéro 10 semble être la pièce manquante au puzzle offensif du PSG, où plutôt la pièce pour remplacer celle de Kylian Mbappé. “Il est complètement dans le projet collectif du coach, il est très bien associé à ses partenaires, qui ont aussi envie de le faire briller pour qu’il puisse scorer”, analyse Mathieu le Scornet, qui a fait le déplacement à Stuttgart pour assister à la masterclass de son ancien protégé en Ligue des champions, avec un triplé à la clé. “Il y a une grande cohésion avec ses coéquipiers, une énergie positive dans l’envie de marquer et de performer pour l’équipe”, précise-t-il. Dembélé, qui semble vouloir désormais s’installer dans cette position d’attaquant axial, vit sa meilleure vie. “Il est bien dans ses crampons, il n’y a pas besoin d’être un spécialiste pour le voir (sourires)”, glisse malicieusement Le Scornet.

Cette efficacité est-elle une parenthèse enchantée ou le début d’une nouveau Ousmane Dembélé ? “Attaquant, c’est vraiment un poste où il faut un peu plus de maturité, mais là, de manière surprenante, il y arrive au meilleur des moments, c’est une position à laquelle on n’aurait pas forcément songé pour lui, admet Romain Ferrier, mais il s’est très vite adapté, et ça ouvre des possibilités à un coach ou à un sélectionneur avec un joueur qui est capable de jouer partout en attaque. C’est maintenant sur la durée qu’il sera jugé, mais comme tous les attaquants, il y a des moments où il y aura des occasions manquées, mais c’est le temps qui dictera.” Cela tombe bien, Dembélé, à défaut d’être le “maitre des horloges”, a parié avec ses proches des montres de luxe s’il atteint l’objectif statistique qu’il s’est fixé.

08/02/2025 – Source .