C’est un sérieux coup de frein donné à la transparence financière en Europe. Au nom du respect de la vie privée, la Cour de justice de l’Union européenne invalide une directive anti-blanchiment. Elle permettait notamment au grand public de consulter les registres de bénéficiaires des sociétés enregistrées sur le Vieux Continent. À l’origine, l’initiative de deux propriétaires de sociétés immatriculées au Luxembourg.
Un moyen de lutter contre les sociétés-écrans dirigées par des hommes de paille. Aussitôt connue la décision de la CJUE, le gouvernement luxembourgeois a annoncé la suspension de l’accès par internet au « registre des bénéficiaires effectifs ». Les Pays-Bas, également critiqués pour leurs pratiques fiscales, ont pris une mesure similaire.
Transparency International estime que sans ces registres, bon nombre d’enquêtes anti-blanchiment n’auraient pas abouti. « Alors qu’il n’y a jamais eu autant d’argent sale en circulation, cette décision porte un coup à l’une des mesures de transparence financière les plus importantes des vingt dernières années », a estimé Patrick Lefas, président de Transparency International France, interrogé par l’AFP.
A CONSULTER AUSSI >> Les Français sont toujours attachés à l’argent liquide
« La décision de la CJUE risque de nous replonger dans le noir et l’ignorance », a expliqué Patrick Lefas dans un communiqué. « C’est un recul, un coup porté à la lutte contre la corruption et les paradis fiscaux », a déclaré à l’AFP Quentin Parrinello, un porte-parole d’Oxfam sur les sujets de fiscalité.
"On évalue à 8 700 milliards de dollars les avoirs cachés dans les paradis fiscaux. C'est un siècle d’impôts sur le revenu payés par les Français ! C’est tout aussi délirant que scandaleux."
Le cri d’alarme de l’ancien juge Renaud Van Ruymbeke 👉 https://t.co/lskGbc5Egi pic.twitter.com/FxL22uldvm
— L'Obs (@lobs) November 9, 2022