8 octobre 2024

Foodwatch va déposer deux nouvelles plaintes contre Nestlé et le groupe Alma

Foodwatch va déposer deux nouvelles plaintes contre Nestlé et le groupe Alma Comme l’avaient révélé Le Monde et la cellule investigation de Radio France en janvier 2024, le gouvernement avait été informé dès 2021, par l’entreprise Nestlé elle-même, lors d’un rendez-vous organisé à Bercy auprès du cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, à l’époque ministre de l’Industrie, de la mise en place de traitements illicites destinés à purifier des sources d’eau contaminées par des bactéries et des pesticides.

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Après avoir joué le jeu de la négociation avec l’industriel, le gouvernement avait décidé d’accorder, lors d’une réunion interministérielle en février 2023, une dérogation au groupe Nestlé pour qu’il puisse continuer d’utiliser des microfiltres interdits par la réglementation sur les eaux minérales naturelles, censées être naturellement exemptes de toute forme de contamination.

Selon des documents que Le Monde et Radio France ont pu consulter, l’agence nationale de sécurité sanitaire avait pourtant prévenu le gouvernement que Nestlé pourrait demander de telles dérogations afin de poursuivre l’embouteillage de ses eaux, mais que l’octroi d’une telle dérogation ne serait «pas acceptable», et que cela pourrait exposer la France à un risque de contentieux européen. Selon Foodwatch, «la pollution des sources exploitées par Nestlé n’aurait pas dû conduire à l’utilisation de traitements interdits, mais à interrompre la distribution de l’eau minérale, et à informer la justice et les consommateurs».

L’ONG, qui explique avoir «refusé l’argent de Nestlé» dans le cadre de la convention judiciaire d’intérêt public (CJIP), «ne se résout pas à enterrer l’affaire de fraude massive qui touche le monde entier depuis des décennies, notamment la célèbre Perrier», avant de préciser que «l’impunité est inacceptable, une tractation financière scellée à Epinal ne doit pas mettre fin aux investigations sur une fraude d’une ampleur internationale».

Si l’ONG insiste sur le cas de la «célèbre» marque Perrier, c’est parce que l’accord financier scellé le 10 septembre concerne seulement Nestlé Waters Supply Est, c’est-à-dire les marques Vittel, Hépar et Contrex, ce qu’a pu confirmer, au Monde et à Franceinfo, le procureur d’Epinal Frédéric Nahon.

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Comme le rappelle Foodwatch, « le scandale des filtrations illégales touche aussi la marque Perrier et les captages situés dans le Gard». Le Monde et Radio France l’avaient révélé en janvier dernier, le directeur de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, n’a pas, contrairement à son homologue de l’est, signalé les faits à la justice, comme le lui imposait pourtant l’article 40 du Code de procédure pénale, selon lequel toute administration ou tout agent de l’État a l’obligation de dénoncer tout crime ou délit qui viendrait à sa connaissance. L’exploitation des listes clientes du groupe avait ensuite révélé que d’autres industriels du secteur, notamment Nestlé, recouraient à des procédés de purification non conformes.

Dans sa seconde plainte, Foodwatch revient également à la charge contre le groupe Alma, à l’origine de toute cette affaire. La société évoque désormais, auprès du Monde et de Franceinfo, «des faits anciens et isolés», et affirme que «la sécurité sanitaire et alimentaire de nos eaux n’a jamais été remise en cause». De son côté, le procureur de Cusset, en charge de l’enquête préliminaire ouverte contre l’entreprise Alma, interrogé par le Monde et Franceinfo concernant l’éventuelle ouverture d’une information judiciaire, n’a pour l’instant pas été en mesure de nous répondre.

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