Missiles longue portée : pourquoi Volodymyr Zelensky veut faire bouger les lignes sur leur utilisation
Le président ukrainien, en déplacement aux États-Unis, est attendu à l’Assemblée générale de l’ONU, mercredi 25 septembre, avant de rencontrer son homologue américain Joe Biden, jeudi, à la Maison-Blanche. Le président des États-Unis sera «le premier à voir dans le détail» son plan pour mettre fin à la guerre. Le président ukrainien doit aussi réitérer une demande-clé, en cherchant l’autorisation d’utiliser des missiles à longue portée occidentaux pour frapper la Russie plus en profondeur. À ce stade, «ni l’Amérique ni le Royaume-Uni ne nous ont donné la permission d’utiliser ces armes sur le territoire russe, sur n’importe quelle cible, à n’importe quelle distance», a rappelé Volodymyr Zelensky.
À LIRE >> Ukraine : “La Russie a apporté la guerre à notre pays et devrait en ressentir” les effets
Deux jours plus tôt, le président ukrainien appelait Joe Biden à «prendre des décisions importantes, pour que l’Ukraine devienne plus forte et protège son indépendance pendant qu’il est président des États-Unis», rapporte le Washington Post. L’Ukraine mène déjà des attaques en profondeur sur le territoire russe, mais avec des drones, mais pas avec des missiles à longue portée, note Le Monde. «Nous continuons à persuader nos partenaires à tous les niveaux», déclarait à ce propos Volodymyr Zelensky le 8 septembre, dans son adresse habituelle aux Ukrainiens. « Les capacités à longue portée sont l’une de ces décisions clés et stratégiques», avait-il défendu ce soir-là.
Le député ukrainien Yehor Cherniev a récemment expliqué à ABC News que l’Ukraine espérait pouvoir utiliser des missiles ATACMS livrés par les États-Unis pour frapper des cibles sur le sol russe plus lointaines. L’utilisation d’autres missiles, comme des Storm Shadow et Scalp obtenu du Royaume-Uni et de la France, est également demandée. «Cela inspirera les Ukrainiens et notre armée», a défendu Yehor Cherniev auprès de la chaîne de télévision américaine. Avec ces missiles d’une portée de 250 à 300 km, près de 250 installations militaires russes pourraient être atteintes.
Elle permettrait aux Ukrainiens «de disposer de davantage de cartes face aux Russes». «Les Ukrainiens ont déjà des moyens de frapper en profondeur», rappelle l’auteur de Géopolitique de l’armement, Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Le président russe a d’ailleurs récemment menacé les pays occidentaux, si cette décision venait à être prise. L’administration américaine préfère des frappes de longue portée sur la Crimée annexée et sur la flotte russe dans la région − des attaques jugées bien plus efficaces, d’après un responsable interrogé par CNN.
Ce dernier souligne l’offre limitée de missiles de longue portée et l’importance de les utiliser à bon escient. « Les États-Unis pourraient tâter le terrain en autorisant des frappes menées avec des missiles longue portée britanniques», répond Ulrich Bounat. «Cela permettrait aux Américains de dire que ce n’est pas de leur responsabilité, tout en autorisant les Ukrainiens à frapper le territoire russe.» De son côté, Léo Péria-Peigné relève que «les Ukrainiens estiment que Joe Biden finira par lâcher, mais qu’il leur fait perdre beaucoup de temps et de soldats».