Selon Nicolas Sarkozy le « plus grand choc mondial » serait démographique
« Le plus grand choc mondial » n’est pas le « choc climatique », a jugé l’ex-président – même si, a-t-il glissé, « il faut [y] apporter une réponse » – mais « le choc démographique ». Le Japon et de nombreux pays européens – en particulier d’Europe de l’Est – connaîtront quant à eux une baisse de leur population, compte tenu de leur faible taux de fécondité.
Il y a un emballement exponentiel de la population et la Terre n’est certainement pas faite pour supporter autant d’individus.Gilles Ramstein, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement à franceinfo
Pour autant, ce « choc démographique », pointé par Nicolas Sarkozy, serait plutôt passé que futur. Pour autant, il n’en résulte pas un arrêt de l’augmentation de la population, en raison de l’inertie démographique.
La Chine et l’Inde sont les deux pays les plus peuplés de la planète : ils représentaient respectivement 19 % et 18 % de la population mondiale en 2017, selon l’ONU.
Quant aux nations africaines, celles qui connaîtront dans les prochaines décennies une explosion de leur population, elles occupent pour la plupart la seconde moitié du tableau, voire carrément les dernières places du classement.
Selon Benjamin Sultan, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement à franceinfo, Nicolas Sarkozy fait, un raccourci très répandu (y compris dans le milieu scientifique) qui consiste à faire un lien direct et mécanique entre l’augmentation de la population mondiale et les émissions.
Comme le pointe le rapport du Giec, « la démographie est une composante importante de l’empreinte carbone », confirme Gilles Ramstein, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.
Autre exemple : « Un pays comme le Nigeria, qui a une très forte croissance démographique, mais une population très pauvre, a des émissions qui augmentent très peu.» À l’inverse, « les pays qui ont l’empreinte carbone la plus importante ne sont pas ceux dont la population augmente le plus », note Gilles Ramstein. « Ce n’est pas la multiplication de la population qui met en danger la planète et l’humanité, c’est le mode de développement d’une minorité de la population, celle des pays riches et développés, qui consomme à outrance », renchérit Gilles Ramstein. Et même sans choc démographique, il y aura un choc climatique et environnemental.Jean Jouzel, climatologueà franceinfo
Pour autant, « la croissance démographique reste une question à l’intersection entre les enjeux de développement durable et le changement climatique », modère Céline Guivarch, qui liste, s’appuyant sur un article paru dans Science (en anglais) : « Eradiquer la pauvreté, la faim, fournir des infrastructures adaptées, l’accès à la santé, l’éducation, un travail décent – et l’ensemble des objectifs de développement durable – tout en limitant le changement climatique ‘bien en dessous de 2 °C d’augmentation par rapport à la période pré-industrielle’.
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