Covid-19 : l’hydroxychloroquine serait responsable de 16 990 morts
Promue «molécule miracle» par le Pr Didier Raoult, ex-directeur de l’IHU de Marseille, l’hydroxychloroquine a d’abord été prescrite massivement dans de nombreux pays. Puis les études confirmant son inefficacité dans le traitement de cette maladie, associée ou non à d’autres molécules, se sont accumulées. L’hydroxychloroquine est probablement le médicament qui a le plus fait parler de lui depuis la pandémie de covid-19.
D’autres travaux ont montré qu’elle pouvait avoir des effets indésirables potentiellement dangereux, dont des troubles du rythme cardiaque, mais également provoquer une perte de chance pour les patients en retardant l’utilisation d’autres traitements efficaces.
Les conclusions de son équipe sont claires : l’hydroxychloroquine a causé la mort de 16 990 personnes dans l’ensemble des six pays étudiés, soit la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie et les États-Unis. Le nombre de morts associés à l’usage de ce médicament varie grandement : de 95 en Turquie, à 199 en France, 240 en Belgique, 1 822 en Italie, 1 895 en Espagne et jusqu’à 12 739 aux États-Unis. Ces travaux analysent les résultats de six pays “seulement” – l’Inde et le Brésil, très importants prescripteurs d’hydroxychloroquine, sont par exemple absents.
Pour aboutir à ce résultat, l’équipe du Pr Lega a estimé la mortalité hospitalière mondiale attribuable à l’utilisation de l’hydroxychloroquine en combinant le taux de mortalité, l’exposition à l’hydroxychloroquine, le nombre de patients hospitalisés et l’augmentation du risque relatif de décès lié à ce médicament, estimé à 11 % selon les résultats d’une précédente étude parue dans Nature Communications.
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Le taux de mortalité des patients hospitalisés dans ses pays a ensuite été obtenu grâce au résultat d’une méta analyse regroupant les résultats de 44 essais cliniques.
Les auteurs reconnaissent bien volontiers ces limites dans les conclusions de leur étude, où ils indiquent que leurs estimations «sont limitées par leur imprécision». Ils assurent néanmoins que leurs résultats «illustrent le risque de réorienter des médicaments avec des preuves de faible niveau».
C’est la raison pour laquelle les scientifiques ont écrit un paragraphe entier consacré aux recommandations en prévision d’une éventuelle future pandémie. «Nous estimons d’abord que nous devons mettre en place une meilleure régulation des médicaments candidats en cas de nouvelle maladie, souligne le Pr Lega. Il faudrait ensuite mettre en place des plateformes de randomisations qui permettent de produire, en quelques mois seulement, des études dotées d’un très haut niveau de preuve scientifique».