Quelles sont les raisons qui motivent Yaël Braun-Pivet à préconiser une augmentation de la taxation des successions ?

Alors que le projet de loi de finances pour l’année 2026 est en attente de débat au Parlement, le gouvernement est toujours à la recherche de ressources financières. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a suggéré lors de son intervention sur France 2 le mercredi 15 octobre d’imposer une taxe plus élevée sur les successions. Elle a exprimé son opinion en ces termes : « Le patrimoine hérité de manière fortuite devrait être limité à un certain point », soulignant que « la transmission intergénérationnelle des richesses n’est pas réalisée de manière optimale, ce qui est préjudiciable ».
À lire >> Giorgia Meloni, visée par une plainte à la CPI
Confrontée à une vague d’indignation sur les plateformes de médias sociaux, Yaël Braun-Pivet a ultérieurement clarifié son intention de mettre en place cette taxe pour les patrimoines les plus substantiels. Dans un long message, elle a expliqué : « Ce que j’ai soulevé, c’est la question des super-héritages – et non pas des héritages en général – notamment lorsqu’ils se transmettent de génération en génération depuis longtemps. »
Lors des dernières années, certains actifs ont connu une appréciation significative, notamment en raison de l’augmentation des prix de l’immobilier, des gains en capital sur les marchés boursiers et des dividendes. Le ressentiment lié à l’injustice est renforcé par l’augmentation continue de la part de l’héritage dans le patrimoine : actuellement, cette part s’élève à 60 %, alors qu’elle était de 35 % dans les années 1970. Pendant la décennie des années 1970, la richesse était généralement associée au travail acharné.
De plus, il convient de noter que le taux d’imposition sur le revenu du travail est actuellement plus élevé que celui appliqué sur les successions. En effet, sur un montant de 100 euros gagnés, seulement 54 euros sont conservés après déduction des prélèvements, des cotisations et des impôts, tandis que sur un montant de 100 euros hérités, 94 euros sont conservés.
Cette disparité suscite davantage d’interrogations dans un contexte de profonds changements démographiques. Il est même question de « grande transmission » : d’ici 2040, c’est-à-dire dans les 15 prochaines années, en France, la moitié du patrimoine des Français va passer à de nouveaux propriétaires avec la disparition des générations de baby boomers. D’après une étude réalisée par la fondation Jean Jaurès, ce montant équivaut à 9 000 milliards d’euros. Ainsi, l’augmentation des impôts lors de cette transition importante pourrait générer des revenus substantiels pour le gouvernement.
Cependant, l’imposition des successions demeure un sujet controversé et peu apprécié. L’héritage demeure symboliquement chargé pour les Français. L’héritage ne se résume généralement pas à de simples euros ou à une maison, il évoque fréquemment le fruit du labeur d’une existence entière, des sacrifices des générations antérieures.
Ainsi, il est proposé d’imposer les successions les plus importantes, en particulier celles qui parviennent à éviter l’impôt grâce à des stratégies d’optimisation fiscale, des donations, des assurances-vie ou des structures patrimoniales. Il convient de déterminer le seuil à partir duquel s’applique l’abattement de 100 000 euros sur la plupart des successions, notamment pour les transmissions en ligne directe. En réalité, 85 % des successions ne sont pas assujetties à l’impôt.