Vladimir Poutine envisage de se rendre en Europe, ce qui suscite des inquiétudes au sein de l’Union européenne

Après leur rencontre en Alaska, Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouvent à Budapest. Le 16 octobre, les deux leaders sont convenus de se réunir à Budapest. La date et le lieu exacts de l’événement n’ont pas encore été déterminés. Cependant, le Kremlin a indiqué que cela pourrait se produire « d’ici deux semaines, voire un peu plus tard ». Le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orban, a exprimé sa satisfaction à l’égard de cette nouvelle, en soulignant que Budapest était « le seul lieu en Europe actuellement capable d’accueillir une telle réunion ». Il a ajouté que la Hongrie était une « île pour la paix ».
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Vladimir Poutine est sur le point d’être accueilli dans un État membre de l’Union européenne (UE), pendant que Bruxelles travaille sur un 19ᵉ ensemble de sanctions et que la problématique des visas pour les citoyens russes suscite des discussions parmi les États membres. Le journal conservateur hongrois Magyar Hirlap a décrit la prochaine réunion comme une « sévère gifle » infligée aux dirigeants de l’UE, saluant la « victoire » obtenue en coulisses par Viktor Orban. La décision a été qualifiée par le journal britannique The Telegraph comme étant « une humiliation majeure pour l’Union européenne ». En réalité, la Hongrie est probablement l’État membre le moins enclin à soutenir l’Ukraine.
La Maison-Blanche semble accorder peu d’importance à cet aspect. Selon Jim Townsend, expert en sécurité ayant travaillé au sein du secrétariat de la Défense américain et de l’Otan, il est convaincu que Trump n’est pas informé et qu’il ne s’en soucie guère. La porte-parole Karoline Leavitt a éludé la question en mentionnant que « [Vladimir] Poutine est un ami de [Viktor] Orban ». Il est souligné que la plupart des individus ne considéreraient pas Budapest comme un lieu neutre pour une telle rencontre, mais que Trump et Poutine semblent le faire.
La ville de Bruxelles s’est retrouvée confrontée à une situation inattendue. Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne, a souligné que malgré l’incertitude concernant la confirmation du sommet bilatéral, il est essentiel d’adopter une approche pragmatique. Il a souligné que même si les réunions ne se déroulent pas toujours comme prévu, l’objectif de parvenir à une paix juste et durable pour l’Ukraine doit primer.
Il reste à déterminer les modalités par lesquelles Vladimir Poutine et son ministre Sergueï Lavrov pourraient se rendre en Hongrie. Les avions officiels de la Russie sont interdits de survoler la plupart des espaces aériens européens en raison des limitations imposées par l’Union européenne. Chaque État membre peut d’accorder ou de refuser une dérogation de manière individuelle. Anitta Hipper, porte-parole de la Commission européenne pour les questions diplomatiques et de sécurité, a souligné que si le président russe voit ses avoirs gelés, cela ne signifie pas nécessairement qu’il est soumis à une interdiction de voyager. La présence de l’Union européenne à cette réunion bilatérale, dirigée par Viktor Orban, n’est pas garantie pour le moment.
Le trajet le plus court nécessiterait de traverser la Biélorussie, la Pologne et la Slovaquie. Cependant, il est difficile d’imaginer que Varsovie, qui soutient l’Ukraine, accorde un accès privilégié. Il est plus probable que l’avion présidentiel Iliouchine II-96 contourne l’obstacle en utilisant le Sud.
Le déplacement de Vladimir Poutine constitue également un défi à l’égard de la Cour pénale internationale (CPI), qui a délivré un mandat d’arrêt à son encontre pour le crime de guerre consistant en la déportation illégale d’enfants ukrainiens. En avril, la Hongrie avait déjà déclaré son intention de se retirer du Statut de Rome, qui est le traité fondamental de la Cour pénale internationale, alors qu’elle accueillait le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lui-même visé par un mandat d’arrêt. Cependant, ladite décision ne prend effet qu’un an après la notification. Selon la juridiction interrogée par franceinfo, un retrait n’affecte pas les procédures en cours ni les questions déjà examinées par la Cour avant sa prise d’effet. Il est souligné que la Cour pénale internationale dépend des États pour mettre en œuvre ses décisions.
Selon la loi, Vladimir Poutine devrait être appréhendé s’il venait à se rendre en Hongrie prochainement. Évidemment, Viktor Orban n’a pas l’intention de respecter cette obligation. Ce mandat d’arrêt n’a pas non plus dissuadé Vladimir Poutine de se rendre au Tadjikistan le 8 octobre, un pays qui a signé le Statut de Rome.
D’un point de vue symbolique plus profond, le fait que la capitale hongroise ait été choisie reste lié à un épisode douloureux pour Kiev. C’est en 1994 que l’ancienne république soviétique a signé un accord, appelé le mémorandum de Budapest, dans lequel elle s’engageait à restituer à la Russie les armes nucléaires soviétiques entreposées sur son sol. Sous la présidence de Boris Eltsine, la Russie avait pris l’engagement de garantir l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La promesse a été violée à deux reprises par Vladimir Poutine, en 2014 et en 2022.
Avec la dérive autoritaire et le foutisme de Viktor Orban avec les lois intérieures et internationales, il faudrait que l’Europe formule une injonction à la Hongrie : soit vous êtes dans l’Union européenne et vous en acceptez les règles, y compris celles internationales, soit ce n’est pas le cas et vous quittez l’Europe. Cependant l’Europe manque de courage politique.