Est-il possible pour la France de réduire sa contribution au budget de l’Union européenne, comme le prétend le Rassemblement National ?

Est-il possible pour la France de réduire sa contribution au budget de l'Union européenne, comme le prétend le Rassemblement National ?
Laurent Jacobelli

Lors d’une intervention sur RMC le lundi 15 septembre 2025, le représentant du Rassemblement National, Laurent Jacobelli, a déclaré qu’il était possible de récupérer cinq milliards d’euros par an en révisant la contribution au budget européen. Cette idée commence à susciter de l’intérêt au sein de la classe politique. L’année prochaine, cependant, concernant le budget de 2026, évidemment, que nous ne pourrons pas récupérer cinq milliards de notre contribution européenne.

Le budget de l’Union européenne est établi sur plusieurs années, faisant l’objet de négociations tous les sept ans, et le cadre financier actuel s’étend jusqu’en 2027. Ce qui a été négocié par la France avec ses 26 partenaires en 2020 doit donc être honoré jusqu’à cette date limite.

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Certains membres du Rassemblement National soutiennent que la France aurait déjà négocié une réduction de prix pour l’année 2026 lors de l’été dernier. En réalité, il s’agissait d’une modification technique partagée par plusieurs États. Selon la ministre Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, la France a été confrontée à une facture plus élevée que celle qui était initialement prévue, s’élevant à environ 30 milliards d’euros, comme elle l’a expliqué aux sénateurs. La Commission européenne avait maintenu une méthode de calcul associée à la période de la covid. Après des négociations, la contribution de la France a été diminuée de 1,6 milliard d’euros. Il convient de noter qu’il ne s’agissait pas d’une remise et que cette réduction n’était pas spécifique à la France.

En cas de décision unilatérale de la France de réduire de cinq milliards le montant prévu, elle violerait le droit européen. Elle risquerait des sanctions financières, ainsi que des représailles immédiates de la part de la Commission européenne, selon Eulalia Rubio, spécialiste des questions économiques à l’Institut Jacques Delors.

Elle affirme que la Commission pourrait prendre la décision de suspendre le paiement des subventions directes aux agriculteurs. Chaque année, la France bénéficie de plus de neuf milliards d’euros dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), ce qui en fait le principal bénéficiaire au sein de l’Union européenne.

Il est donc impossible de réaliser des économies sur notre contribution au budget de l’Union européenne pour l’année 2026. En revanche, tout reste à définir lors de la prochaine négociation du cadre financier pluriannuel, qui portera sur la période 2028-2034.

La France pourrait envisager de réduire sa contribution, mais cela nécessiterait de prendre des décisions. À chaque échéance, Paris s’efforce de maintenir une politique agricole commune robuste face à des États qualifiés de « frugaux », tentés de réduire son importance au sein de l’UE. Il sera probablement nécessaire de prendre une décision entre diminuer sa contribution ou maintenir une Politique Agricole Commune (PAC) robuste. D’après Eulalia Rubio de l’Institut Delors, il sera difficile de remporter la victoire sur les deux fronts.

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