Tenue normale exigé dans les cours de récréations
Jupe trop courte ou robe trop décolletée pour les filles, jogging, casquette, capuche pour les garçons : dans les écoles, les restrictions vestimentaires ciblent ceux qui ne sont pas dans la norme scolaire, observe la jeune chercheure Camille Lavoipierre, étudiante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Depuis une semaine, les lycéennes et collégiennes se mobilisent avec le hashtag #Lundi 14septembre et #Balancetonbahut pour revendiquer le droit de porter ce qu’elles veulent sans être vues comme des objets sexuels. Que se cache-t-il derrière les restrictions vestimentaires à l’école ? Concrètement dans les établissements, les restrictions concernent principalement les tenues jugées trop «courtes», décolletés, jupes, les vêtements à caractères religieux ou celles que l’on considère comme étant les attributs du «jeune de cité» : jogging, casquette, capuche.
Donc derrière la règle floue de la tenue correcte ou normale se cachent toutes sortes de discriminations, à partir de critères de genre, d’âge, de sexualité, de classe, de «race», de religion…
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Comment les élèves vivent-ils ce code vestimentaire implicite ? Une élève trans m’a raconté qu’elle avait été convoquée avec sa mère : on lui reprochait d’être trop dénudée et de trop se maquiller alors que le maquillage et le genre de tenue qu’elle portait étaient tolérés pour les autres élèves filles.
Un jour, un élève est convoqué par la CPE car il a utilisé son téléphone pendant un cours. Celle-ci finit cependant par lui reprocher sa tenue «négligée» et lui demande de se couper les cheveux car il donnerait ainsi l’impression de «sortir de la cité».
Corriger une tenue est une manière de faire comprendre à l’élève qu’il doit se conformer à des attentes scolaires auxquelles il dérogerait a priori. L’injonction à se plier à la norme renvoie aux élèves concerné·e·s qu’ils et elles ne sont pas dans la norme.
Cette mobilisation questionne aussi la loi de 2004 qui a eu pour principal effet, d’une part, de rendre inaccessibles les établissements scolaires publics aux élèves voilées, d’autre part, de stigmatiser plus encore celles qui retirent leur voile avant d’entrer et se voient maintenant reprocher le port d’un bandeau ou d’une jupe jugée «trop longue» ou «à connotation religieuse». Mais surtout les idées féministes se sont démocratisées, les jeunes filles comme les garçons se sont politisés sur ces questions.
Le plus simple serait le port de costume généralisé pour tous les élèves jusqu’a l’université. Les Grande-Bretagne et les États-Unis pratique déjà cela depuis des décennies.