Décentralisation : la France devrait s’inspirer de l’Allemagne
Macron n’a jamais perdu de vue son objectif, qui était de rendre la France de nouveau compétitive et de formuler le projet européen d’égal à égal avec l’Allemagne. Le projet de réformes de Macron reposait sur des convictions qui ne sortiront pas indemnes de la crise. Ce dont il est lui-même convenu dans sa dernière intervention télévisée : “Sachons […] nous réinventer, moi le premier.” Macron a perdu la foi en son projet.
Macron a imposé bien des nouveautés à ses compatriotes et les a appelés à se soumettre aux exigences d’une économie de marché mondialisée. Macron donne l’impression d’avoir lui-même perdu foi dans son propre projet. Plus “humble”, plus “social”, Macron “transformé” par le Covid-19
Il y a deux ans, une scène clé de sa présidence s’est déroulée dans un centre hospitalier universitaire à Rouen, quand une infirmière lui a réclamé davantage de lits et de personnel. Nombreux sont les Français qui ont encore la réponse de Macron en mémoire : “Il n’y a pas d’argent magique.” L’endettement de la France menaçait d’atteindre 100 % du produit intérieur brut, et ce serait aux générations suivantes de supporter le poids de cette dette.
Toutes les tentatives des décideurs locaux pour se soustraire au confinement décrété par les autorités centrales ont été torpillées. Ainsi, le ministre de l’Intérieur a interdit au maire de Nice de mettre en place l’obligation de porter des masques à la suite de la distribution gratuite de masques réutilisables.
Au beau milieu de cette crise sanitaire, la prétention à l’omnipotence de l’administration centrale joue un rôle de frein.
Il y a peu, le Premier ministre Edouard Philippe a mis en doute devant l’Assemblée nationale le fait que l’Allemagne était capable de procéder à un demi-million de tests par semaine. Il cherchait ainsi à détourner l’attention des difficultés de la France à améliorer ses capacités de dépistage.
Ce n’est pas toujours aussi dramatique que dans le cas de ce transfert de malades depuis un hôpital surchargé de Reims, capitale de la Champagne, en direction d’une clinique privée de la vallée de la Loire. Au bout d’une heure de route, le bus et ses patients atteints du Covid-19 ont dû rebrousser chemin parce que les autorités centrales de la Santé n’avaient pas donné leur accord à ce transfert.
Or, si la mise en place de tests est si lente, c’est parce que l’État central ne fait pas confiance aux installations des laboratoires privés et exige que les tests de dépistage aient lieu uniquement dans les hôpitaux publics.
Cette “réinvention” de la France que souhaite Macron devrait également passer par une plus grande confiance dans les forces de la société au niveau local et régional.