Oui à l’armure d’Iron Man et non à l’augmentation et à la mutation génétique des soldats
« Nous disons oui à l’armure d’Iron Man et non à l’augmentation et à la mutation génétique de Spiderman », expliquait la ministre des Armées Florence Parly à propos du soldat augmenté, annonçant la semaine passée que la France se préparait à déployer des « soldats augmentés ».
Dans ce contexte, la particularité de l’activité militaire nécessite d’approfondir la réflexion relative à l’augmentation des soldats sans oublier que ces soldats sont avant tout des êtres humains.
Comme l’augmentation humaine plébiscitée par le mouvement transhumaniste, celle du soldat pourrait porter sur ses capacités physiques, cognitives, perceptives, psychologiques.
D’abord, l’augmentation humaine doit être expérimentée avant d’être couramment réalisée. L’article 7 du Pacte international des droits civils et politiques doit donc être rappelé :
« En particulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique ».
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L’expérimentation de l’augmentation humaine doit donc faire l’objet d’un consentement libre et éclairé. Le risque ne serait-il pas que le soldat se trouve dans une situation de coercition implicite, voire explicite le conduisant à accepter l’augmentation ?
Or, si la médecine a aujourd’hui intégré quelques pratiques qui relèvent de l’anthropotechnie, l’augmentation des capacités naturelles du soldat n’a certainement pas de finalité médicale. Le comité d’éthique de la défense prend un exemple explicite pour souligner ce qui ne doit pas être fait : « Un militaire dont le bras amputé aurait été remplacé par une prothèse inamovible qui serait une arme, qui ne pourrait de facto pas revenir à la vie civile ».
D’autres risques concernent la dépendance que pourrait causer l’augmentation humaine ou l’engendrement d’un déséquilibre entre des capacités augmentées et d’autres qui ne le seraient pas.
Comment un soldat ayant connu l’augmentation s’adaptera-t-il à une vie civile non augmentée ?
En définitive, l’augmentation du soldat présente un risque de déshumanisation, c’est-à-dire, d’altération de sa nature humaine. Si « l’état militaire exige l’esprit de sacrifice », ce sacrifice ne peut conduire à nier la dignité du soldat qui est avant tout une personne humaine : il doit être traité comme une fin et non seulement comme un moyen. L’augmentation humaine impliquant eugénisme et modifications génétiques demeure prohibée, en cohérence avec l’article 16-4 du Code civil.
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