Vaccins : Utiliser l’ARN messager n’est pas nouveau
Invité du journal de 13h de France Inter, Steve Pascolo, chercheur à l’université de Zurich et ex-dirigeant du laboratoire Cure Vac, apporte des éclaircissements. Alors que les vaccinations contre la Covid-19 se poursuivent, y compris en France, ces nouveaux vaccins, à base d’ARN messager, posent question.
« L’ADN, c’est comme un livre.Il y a 23 chromosomes chez les humains, ce qui correspond à 23 livres, et toutes les cellules de votre corps ont ces 23 livres, explique l’immunologiste, chercheur à l’université de Zurich. « Mais chaque cellule n’a pas besoin de tout l’ADN : elle ne photocopie que les pages du livre dont elle a besoin. La photocopie en question, c’est l’ARN messager. C’est cette petite copie partielle de l’ADN, qui va ensuite être traduite sous la forme d’une protéine. Les cellules du pancréas par exemple vont photocopier la recette de l’insuline, alors que les cellules musculaires, qui possèdent aussi la recette, ne vont pas la photocopier ».
Cela n’est pas nouveau : « Le vaccin ROR, rougeole, oreillons, rubéole, fonctionne avec des virus à ARN atténué.Les vaccins de type ROR contiennent beaucoup d’ARN, de lipides, de protéines différentes, ils sont produits dans des œufs fertilisés. Autrement dit, _la version à ARN messager est beaucoup plus pure et plus sûre que les vaccins à ARN produits de façon naturelle, que vous avez eus précédemment_ ».
L’avantage de cette méthode par rapport à la production « classique » des vaccins, c’est sa rapidité. Le processus de production est toujours le même, et il dure maximum deux mois (…) alors que les autres méthodes demandent de l’optimisation, un temps qui peut prendre plusieurs semaines à plusieurs mois », selon Steve Pascolo a Franceinter.fr.
A LIRE ÉGALEMENT >> La France choisit d’administrer deux doses du vaccin Pfizer/BioNTech
A-t-on assez de recul pour mesurer l’impact de l’injection d’ARN messager ? « En réalité, on a des millions d’années d’expérience, explique le spécialiste. Notre corps est affecté en permanence par des virus, des bactéries, et il y a de l’ARN messager partout dans ces virus. Ils infectent votre corps et vous donnent leur ARN. Ca n’affecte pas votre ADN pour autant ».
Peu de risques, également, que des échanges et recombinaisons donnent naissance à de nouveaux virus : « On ne peux jamais l’exclure, mais ces mécanismes de « Transplacing » sont très, très précis et très définis. « Le vaccin Pfizer-BioNTech est transporté à -80°C, mais ensuite il est stable à 4°C dans un frigidaire pendant cinq jours (…) Avec le temps, on aura des versions de ce vaccin plus stables à 4°C, voire à température ambiante », explique-t-il.
Il n’y a pas de raison d’imaginer que l’ARN messager du vaccin puisse faire ce type de recombinaison. Et s’il le pouvait, alors le virus le ferait aussi, puisque cet ARN messager code pour une protéine du virus ».
Par ailleurs, ces vaccins peuvent connaître des applications nouvelles, et notamment contre les cancers. Utiliser l’ARN messager n’est pas nouveau, c’est savoir le fabriquer qui est nouveau.
Inscrivez-vous à notre lettre d’information