La Russie veut quitter l’ISS pour construire sa propre station spatiale
L’annonce par Moscou, mercredi, de son intention de lancer son propre projet de station spatiale et de quitter le programme de l’ISS en 2025 a fait sensation. Dans la foulée, elle construira sa propre station spatiale, avec pour objectif de la mettre en orbite en 2030, a précisé le porte-parole de Roscosmos, l’agence spatiale russe.
Théoriquement, le programme de l’ISS devrait s’achever en 2025, et même s’il était encore prolongé de quelques années, « les États-Unis finiront par l’arrêter, car ils vont lancer leur propre projet de nouvelle station spatiale autour de la Lune (Lunar Gateway) », précise une experte du CNRS.
La Station spatiale internationale ne va pas disparaître du jour au lendemain, et elle engendrera « des frais d’entretien puis de désorbitage des modules auxquels la Russie ne veut pas forcément participer », explique Isabelle Sourbès-Verger.
« Il y a de moins en moins de programmes internationaux dans l’espace auxquels la Russie est associée en tant que partenaire majeur et on parle essentiellement des projets américains ou chinois », confirme Florian Vidal, chercheur à l’Ifri et auteur d’une note sur la politique spatiale russe parue en janvier 2021, contacté par France 24.
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Une station spatiale « made in Russie » pourrait être une carte intéressante à jouer. « Moscou pourrait s’en servir comme d’une main tendue vers certains pays qui n’ont pas les moyens financiers d’avoir des ambitions spatiales – comme la Corée du Nord ou certains pays d’Amérique du Sud – pour leur proposer une collaboration scientifique au sein de cette station spatiale », détaille Florian Vidal.
« L’une des options serait en effet que la Russie décide de monter dans le train de la station spatiale que la Chine est déjà en train de construire », confirme Tomas Hrozensky. Il y a déjà un projet de « station lunaire » qui associe Pékin et Moscou et ce renforcement, dans l’espace, des liens entre les deux puissances ferait écho au rapprochement terrestre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping.
Les trois priorités russes à l’heure actuelle sont d’achever le cosmodrome de Vostochny, introduire une nouvelle génération de lanceurs et renforcer la constellation de satellites, détaille Florian Vidal dans sa note pour l’Ifri. Il risque d’y avoir des arbitrages budgétaires difficiles à faire pour un pays soumis à d’importantes sanctions économiques depuis 2014 qui pèsent sur ses finances.