Avec sa nouvelle loi antiterroriste adoptée le 8 juillet au Parlement, l’Autriche devient le premier pays européen à interdire la confrérie islamiste fondée il y a près d’un siècle par l’Égyptien Hassan al-Banna. Elle vient désormais d’être inscrite en fin de semaine dernière, le 8 juillet dernier, sur la liste noire des organisations liées à la « criminalité à motivation religieuse ».
Vienne a aussitôt été accusée sur les sites dédiés aux Frères musulmans et à l’organisation turque des Millî Görüs d’« alimenter l’islamophobie » et de « multiplier les attaques contre les musulmans ».
Pourtant, Youssef Nada, le financier occulte de l’organisation, y a créé en 1969 au sud-ouest de Vienne, les premières usines de production de fromages et de produits laitiers de son empire industriel fondé avec le « trésor de guerre » de la confrérie. Avant de migrer vers la Suisse voisine.
Le Royaume-Uni, qui accueille alors le commandement de l’Organisation internationale [Tanzim al-dawli], l’instance occulte qui fédère tous les mouvements liés aux Frères musulmans à travers le monde, s’est-il imposé comme leur nouveau fief financier islamiste en Europe.
Lorsqu’en février 2017, Donald Trump menace d’inscrire les Frères musulmans sur la liste des groupes terroristes, les branches européennes réunies à Istanbul, dont l’ex-UOIF [Union des organisations islamiques en France], la filiale tricolore des Frères, annoncent solennellement leur « retrait » de l’Organisation internationale, dont l’existence même était niée jusque-là par les Frères musulmans.
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Pour parer à d’éventuels gels américains et sauver au plus vite le « trésor de guerre » installé au Royaume-Uni, le choix se porte sur l’Autriche et plus particulièrement Graz où les Frères disposent de solides relais politiques et associatifs.
La ministre de l’Intégration, l’écologiste Susanne Raab, annonce la création d’un « Centre de documentation sur l’islam politique » chargé de surveiller de près la mouvance des Frères. Objectif du chancelier Sebastian Kurz : « affirmer la volonté d’en découdre avec l’islam politique ». Sa mesure la plus importante est l’inscription des Frères musulmans sur la liste des « groupes extrémistes liés à la criminalité à motivation religieuse ».
Le nom de la confrérie s’ajoute ainsi à ceux de Daech, d’Al-Qaida, du Hamas, du Hezbollah, du PKK kurde, des Loups Gris turcs également interdits en France et en Allemagne, et du mouvement fasciste croate des oustachis.