La Hongrie, à l’instar de la Russie, s’apprête à adopter une législation visant à encadrer les médias et les ONG qui reçoivent des financements étrangers
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Ce projet de loi, intitulé « sur la transparence de la vie publique» et présenté par un député du parti Fidesz, suscite déjà des inquiétudes au sein de la presse et de l’opposition, qui y voient des similitudes avec la législation russe sur les « agents de l’étranger».
Le Premier ministre nationaliste a promis un « grand nettoyage de Pâques» en mars, visant ses adversaires qu’il qualifie de « punaises». Depuis son retour au pouvoir en 2010, Orban a progressivement affaibli les contre-pouvoirs et a récemment fait adopter des amendements constitutionnels limitant les droits des personnes LGBT+ et des binationaux, tout en accélérant ce qu’il appelle une dérive « illibérale ».
La nouvelle loi stipule que les organisations qui « violent ou critiquent» les valeurs constitutionnelles, telles que « la primauté du mariage, de la famille et des sexes biologiques», pourraient être inscrites sur une liste noire, sur recommandation d’une Autorité de souveraineté créée l’année précédente. Ces entités devront alors obtenir l’autorisation d’un organe de lutte contre le blanchiment pour recevoir des fonds étrangers.
Leurs comptes bancaires seront surveillés et les transferts de dons pourront être bloqués si l’argent est jugé destiné à « influencer la vie publique». En cas de non-respect de ces règles, des amendes sévères, pouvant atteindre 25 fois le montant de l’aide reçue, seront imposées, avec des risques d’interdiction d’activités en cas de récidive.
Le média Telex a réagi à cette initiative en titrant « Good morning, Russia», soulignant que cela démontre la détermination du gouvernement à conserver le pouvoir. Le député indépendant Akos Hadhazy a également exprimé ses préoccupations sur les réseaux sociaux, appelant à une mobilisation contre la “poutinisation” de la Hongrie, alors que des élections législatives sont prévues pour le printemps 2026.
L’adoption de cette loi semble être une formalité dans un Parlement dominé par la coalition au pouvoir, mais elle pourrait rencontrer des objections de la part de la Commission européenne. Bruxelles avait déjà engagé l’année dernière une procédure d’infraction contre la création de l’Autorité de souveraineté, qui a ouvert des enquêtes contre l’ONG anticorruption Transparency International et le site d’investigation Atlatszo, les qualifiant de menaces pour le pays.