Les Gitans souffrent toujours de discrimination, malgré 600 ans de présence, en Espagne
La communauté rom, souvent méconnue et victime de préjugés, représente la minorité la plus significative d’Europe. En France, elle est fréquemment désignée sous le terme « Gens du Voyage», bien que les nomades ne constituent qu’une fraction de cette population. En Espagne, la situation est différente, avec 95 % des Gitans sédentarisés. En 2025, ils célébreront les 600 ans de leur arrivée sur la péninsule ibérique, marquée par la découverte d’un laissez-passer royal d’Aragon datant de 1425. Cette année a été proclamée « année du peuple gitan».
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En avril dernier, un hommage a été rendu au Parlement espagnol à l’occasion de la journée internationale du peuple Rom, en présence du roi Felipe VI. Ce moment fort a vu des représentants de la Nation saluer une communauté fréquemment maltraitée au fil de l’histoire. Dans la salle constitutionnelle, ministres et élus de divers partis, ainsi que des membres de collectifs gitans, se sont levés pour écouter “Gelem Gelem”, l’hymne du peuple rom, interprété en direct.
Les discours ont été nombreux, y compris celui d’un ministre, d’un ancien député patriarche, et celui du roi, qui a conclu par un remerciement en langue romani. « Aujourd’hui, cette pause sur le chemin nous procure l’opportunité de nous engager pour un présent avec lequel l’indifférence n’a pas sa place, et de regarder vers un avenir où l’inclusion sera complète. Merci beaucoup, nais tuque», a-t-il déclaré.
Cependant, l’inclusion reste un défi. Sara Gimenez, directrice générale de la Fondation du secrétariat gitan, une grande association comptant 1 300 employés et près de 80 bureaux à travers le pays, souligne que malgré des progrès, le rejet persiste. « Un des derniers chiffres indique que plus de 45 % des familles ne souhaitent pas que leur enfant ait un camarade de classe gitan. »
En France, selon l’Eurobaromètre sur les discriminations, ce taux grimpe à 70 %. En Espagne, les Roms d’Europe de l’Est sont minoritaires, la majorité de la communauté étant composée de Gitans espagnols, descendants de groupes arrivés d’Inde lors des six derniers siècles. En Andalousie, notamment à Séville, environ 40 % des Gitans d’Espagne résident, offrant un aperçu de leur intégration.
Une spécialiste de l’orientation professionnelle à la Fédération Secrétariat gitan souligne que l’embauche de Tsiganes comme agents de sécurité peut parfois être perçue comme une forme de discrimination, associant les Gitans à des comportements violents ou à la protection du clan. Pour cette association, la meilleure manière de combattre les stéréotypes est d’employer des travailleurs gitans, permettant ainsi de démontrer au quotidien que ces généralisations sont infondées.