Le constat, sans concession, est dressé par Dominique Simonnot, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), dans son rapport d’activité 2022, publié jeudi 11 mai. À l’occasion de ce rapport annuel, la Contrôleuse générale alerte sur les conditions de vie des détenus et leurs « conséquences délétères ».
Aucune des visites réalisées en 2022 n’a pas permis « de voir un taux d’occupation inférieur à 135 % et trois établissements affichaient au moment de la visite des taux supérieurs à 200 % », détaille le rapport. En janvier 2023, ce fléau touche particulièrement les maisons d’arrêt, destinées à recevoir les détenus condamnés aux peines les plus courtes et les prévenus en attente de jugement, avec un taux d’occupation moyen de 141 %.
Le constat n’est pas nouveau : le nombre de détenus incarcérés a toujours été supérieur au nombre de places disponibles sur la période 1990-2023, à l’exception de l’année 2001. En janvier 2020, la CGLPL recensait 70 651 détenus. Or, « pendant cette période, le nombre global des places de prison en France est resté à peu près stable, de 60 500 à 61 000 places », précise le rapport.
Le rapport mentionne également « des situations explosives », contenues grâce à la seule « résignation des détenus» et au « professionnalisme de surveillants », surtout dans des maisons d’arrêt anciennes et de petite taille. « Dans un des établissements visités, le nombre des détenus confinés par la peur se comptait en dizaines, ailleurs les rixes deviennent graves et fréquentes en cours de promenade. Quant à l’intimité des détenus, elle est considérée comme « mise à mal au point que cela peut constituer un véritable traitement indigne ».
En plus d’être difficiles à vivre pour les détenus, les situations rapportées sont considérées par la Contrôleuse comme dépourvues d’« efficacité pénitentiaire ».
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Elle tance la « solution avancée par l’État» pour lutter contre le fléau de la surpopulation carcérale, à savoir la construction de 15 000 nouvelles places de prison d’ici à 2027. Une « fameuse promesse de Macron fleurant le rance, puisque ces 15 000 places étaient déjà proclamées en 2017 pour 2022» et ont été « très modestement réduites, à 2 000 fin 2021», accuse la contrôleuse générale à franceinfo.