La filière nucléaire française compte recruter 10 à 15 000 personnes par an d’ici à 2030
Délaissée ces dernières années, la filière nucléaire, qui devra recruter au moins 80 000 personnes d’ici à 2030, se mobilise pour redorer son image et attirer les étudiants au sein de ses nombreuses formations.
Après des années d’atermoiements, Emmanuel Macron a décidé de relancer la filière nucléaire française en annonçant en début d’année la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR2 ainsi que le lancement d’une étude pour huit réacteurs supplémentaires d’ici à 2050.
De lourds travaux en perspective à l’heure où l’indisponibilité de 24 réacteurs sur 56, en partie à cause de problèmes inédits de corrosion, mettent en lumière le vieillissement et la fragilité du parc nucléaire tricolore. Après des années sans visibilité faute de stratégie claire à la tête de l’Etat, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire se félicite pour le volte-face d’Emmanuel Macron qui, deux ans après la fermeture de Fessenheim, veut désormais faire de l’atome l’un des piliers du mix énergétique français, aux côtés des renouvelables.
La filière nucléaire va donc devoir recruter et c’est une excellente nouvelle. Si l’industrie nucléaire entend massivement recruter, encore faut-il pouvoir s’appuyer sur un vivier de candidats qualifiés. Or, en l’absence de grands projets depuis plusieurs années, les compétences dans le nucléaire tendent à se perdre.
Les représentants de la filière nucléaire ont d’ores et déjà renforcé les « campagnes de communication grand public et d’accueil d’étudiants sur sites, en stages, en alternance» pour mieux se faire connaître et renforcer leur attractivité, détaille Olivier Bard, délégué général du Gifen (Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire).
À LIRE ÉGALEMENT >> Le gouvernement présente son projet de loi pour construire de nouveaux réacteurs nucléaire
La fédération professionnelle travaille en parallèle au développement de sa communication sur les formations du nucléaire auprès des étudiants. Ces formations sont déjà nombreuses, rappelle Olivier Bard, qui défend de surcroît « une » sensibilisation aux métiers du nucléaire dès le collège et le lycée.
Pour mieux valoriser ces formations, plusieurs acteurs du secteur se sont regroupés en 2021 pour créer l’Université des Métiers du Nucléaire. Son rôle vise aujourd’hui à mieux informer sur les différents cursus en lien avec le nucléaire, d’en travailler les contenus et d’assurer l’adéquation de l’offre et de la demande, en particulier en région.
À compter de jeudi prochain, le lycée professionnel Emulation dieppoise de Dieppe proposera quant à lui une nouvelle formation de mécanicien en robinetterie nucléaire, en partenariat avec l’Éducation nationale et la région Normandie. Selon Olivier Bard, l’annonce de la construction de nouveaux réacteurs dans les prochaines années a d’ores et déjà suscité un regain d’intérêt pour la filière nucléaire, « notamment dans les cursus ingénieurs ».