Des chiffres qui montrent la gravité de la pauvreté en France
Après plusieurs reports, le nouveau plan du gouvernement dédié à la pauvreté, baptisé «pacte des solidarités», est finalement présenté lundi 18 septembre. Dans un contexte de forte inflation, liée à la guerre en Ukraine depuis février 2022, cette nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté suscite d’importantes attentes.
D’autant que plusieurs associations s’alarment ces derniers mois. Si le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, «récuse cette idée qu’il y a un appauvrissement de la société française», plusieurs indicateurs se détériorent.
Le taux de pauvreté monétaire ne diminue pas. Ce taux correspond au nombre de ménages qui possèdent un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population, soit 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. Cette année, 18 % déclarent vivre à découvert, soit trois points de plus qu’en 2022.
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Le taux de «privation matérielle et sociale» est une manière alternative de mesurer la pauvreté, avec des indicateurs plus récents. Il a atteint 14 % de la population de l’hexagone début 2022, soit son plus haut niveau depuis la création de cet indicateur en 2013, avait annoncé l’Insee en juillet. Ce taux atteignait 13,4 % en 2020 et 12,4 % en 2013.
Cette étude atteste que «les privations qui ont le plus augmenté sont en lien avec le contexte conjoncturel», relève Anne Jaubertie, cheffe de la division revenus des ménages à l’Insee. Ainsi, 10,2 % des ménages déclarent ne pas pouvoir chauffer suffisamment leur logement, contre 6,1 % en 2021 et 5 % en 2018. L’Insee y voit en particulier l’impact de la hausse du prix du fioul domestique, «combustible de chauffage que les ménages vulnérables utilisent davantage que les autres».
Le nombre de repas distribués augmentera jusqu’à la fin de l’année, selon l’association, les Restos du cœur, qui assure 35 % de l’aide alimentaire en France. Elle s’attend à distribuer près de 170 millions de repas en 2023, soit une hausse de 30 millions par rapport à 2022. Confronté à des difficultés financières, le président de l’association, Patrice Douret, a annoncé que les Restos du cœur pourraient refuser des bénéficiaires l’hiver prochain et lancé un appel aux dons à destination des entreprises et du gouvernement.
Cette hausse constante de la demande pour l’aide alimentaire ne concerne pas uniquement l’association fondée par Coluche, mais également le Secours populaire, les Banques alimentaires ou la Croix-Rouge. «L’ensemble de ces structures ont constaté de 7 à 9 % d’augmentation supplémentaire de leurs bénéficiaires pour le seul premier trimestre 2023», souligne Laurence Lepetit, déléguée générale de France Générosités, auprès de l’AFP.
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La Fondation Abbé-Pierre s’inquiète du manque de moyens et d’ambition mobilisés par le gouvernement. « Depuis 2017, les différents gouvernements successifs ont montré un désintérêt et un manque de sensibilité sur le sujet en appliquant une politique de rigueur. Il existe l’obsession de réaliser des économies dans ce secteur », explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, rapporte franceinfo.