Est-il « urgent de mettre à jour notre orthographe »
Ce n’est pas la première fois, loin de là, que l’orthographe fait débat. L’Académie Française a, par exemple, décidé de supprimer le i muet dans oignon, qui s’écrit donc désormais ognon – c’est ce qui avait fait le plus jaser. La tribune parue cette semaine propose de mettre en pratique ces nouvelles orthographes, qui demeurent encore largement sous-employées.
Ce qu’il faut toutefois rappeler, c’est que notre orthographe a toujours évolué avec l’usage, et que cela a toujours fait débat. L’orthographe, comme tout ce qui a trait à la langue, c’est la première chose dont on hérite de ses parents. Il n’y a aucun mérite à avoir une bonne orthographe quand on est né dans une famille de profs, d’avocats ou de journalistes. Dans une note publiée par l’observatoire des inégalités, le linguiste Christophe Benzitoun remarque que les élèves de CM2 les moins favorisés font, en moyenne, 40 % de fautes en plus que les plus favorisés.
Plusieurs dizaines d’heures sont consacrées au pluriel des mots irréguliers. Simplifier ces règles permettrait de consacrer ce temps précieux au reste de l’orthographe, ou aux mathématiques, ou à l’histoire, et donc, peut-être, contribuerait à niveler les inégalités sociales.
À VOIR AUSSI >> “réforme de l’orthographe”, Najat Vallaud-Belkacem s’indigne
Ceux qui s’offusquent d’une telle proposition de modification de l’orthographe, au motif qu’elle rabaisserait l’école républicaine de Jules Ferry, on peut opposer… Jules Ferry, qui s’agaçait lui-même de l’importance donnée à la dictée, au point de déclarer ceci au personnel de l’Éducation nationale : « Messieurs, ce que nous vous demandons à tous, c’est de nous faire des hommes avant de nous faire des grammairiens ! »