L’Allemagne envisage de recruter des appelés par tirage au sort

Construire l’armée la plus puissante en Europe. Dès son accession au pouvoir en Allemagne, le chancelier Friedrich Merz s’est donné pour objectif ambitieux. La Bundeswehr envisage de doubler ses effectifs dans un délai de dix ans. Un changement de stratégie dans un pays qui est profondément enclin à la paix mais qui doit faire face à la menace russe.
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Comment peut-on procéder au recrutement en dépit de la pénurie de personnel au sein de l’armée ? En plus du volontariat, le Parti conservateur au pouvoir s’appuie sur un système de sélection aléatoire. Le projet a rapidement été affublé du surnom de « la loterie » par ses opposants. Un processus de sélection aléatoire en cas d’insuffisance de volontaires ne suscite guère l’approbation de Sean, âgé de 18 ans et directement concerné : « Je considère cela comme étant particulièrement inéquitable pour les individus sélectionnés de manière aléatoire et qui ne souhaitent pas participer. » Je nourris une profonde considération envers l’institution militaire, cependant je n’éprouve aucun désir de m’y engager. Ce n’est pas quelque chose que j’apprécie particulièrement.
Afin d’atteindre ses objectifs, l’armée allemande devra recruter 80 000 soldats supplémentaires d’ici 2035. Il est possible que les volontaires viennent à manquer. En effet, nous devons recruter 10 000 personnes par an pour atteindre l’objectif fixé par l’OTAN. Cependant, dans l’éventualité où le volontariat s’avérerait insuffisant, quelles seraient les conséquences ? Que faire en cas d’incapacité à susciter une motivation suffisante chez un nombre adéquat de personnes ? Carsten Linnemann, secrétaire général du parti conservateur, recommande d’adopter une approche semblable à celle du Danemark, c’est-à-dire un système de tirage au sort, comme il l’a souligné lors d’une interview avec la ZDF.
Selon Chris, un étudiant en économie, la stratégie de recrutement actuelle est inadéquate. Il est d’avis qu’ils doivent améliorer les conditions et les perspectives de carrière, tout en proposant des salaires plus compétitifs, afin d’attirer les candidats. Il existe un risque de démobilisation totale parmi les soldats en cas de sélection aléatoire.
En 1960, la Bundeswehr a déjà recouru à la conscription. Considéré comme peu performant, le système a été retiré cinq ans après sa mise en place.
En France, on peut penser qu’un jour ou l’autre la conscription reviendra par la fenêtre après qu’on ait virée par la porte !