Les pays membres de l’Otan s’apprêtent à augmenter considérablement leurs investissements militaires

Les pays membres de l'Otan s'apprêtent à augmenter considérablement leurs investissements militaires L’accord, qui devrait être annoncé et officialisé lors du prochain sommet de l’Otan, fin juin à La Haye, constitue une rupture dans l’histoire. Il s’agit là d’un monde pacifique en Europe, d’un monde où la guerre est aux portes de l’alliance atlantique. Presque tous les pays européens ont promis d’augmenter leur budget de défense.

Les négociations, qui se poursuivent, concernent le but d’élever les dépenses de défense à 5 % du PIB de l’Union. Un niveau élevé qui reste d’ailleurs à discuter. Une telle hausse serait un effort considérable pour la plupart des pays européens qui dépensaient récemment 2 % de leur PIB à ces dépenses.

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On y a vu la pression américaine et la guerre en Ukraine. L’invasion russe a ravivé un danger qui avait disparu depuis la chute de l’URSS sur le continent européen. Elle a mis les Européens en situation de faiblesse en cas de guerre de haute intensité et de dépendance vis-à-vis des États-Unis. Mais, surtout, ils sont confrontés à un nouveau doute : l’assurance de l’aide américaine en cas d’agression, alors que Washington s’est engagé dans une guerre commerciale et multiplie les attaques contre l’Europe.

Parallèlement, la Russie est devenue une économie de guerre, et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a décrit la menace (Nouvelle fenêtre) à Londres de manière froide, lundi 9 juin, en expliquant que « la Russie fabrique en trois mois ce que fabriquent les pays de l’Otan en un an, en matière de munition ». Assurant que « la Russie pourrait utiliser cette force dans cinq ans », Mark Rutte propose en particulier « d’accroître nos boucliers antimissiles de 400 % ».

Un discours extrêmement préoccupant, en partie lié à la nécessité de parvenir à un accord avant ce sommet des 24 et 25 juin, qui se tiendra sous la présidence américaine. Or, comme lors de sa première présidence, Donald Trump demande aux Européens d’accroître leurs dépenses. Il a d’ailleurs établi, dès le début de l’année 2025 et avant même son retour à la Maison-Blanche, ce seuil symbolique de 5 %

Il a visiblement réussi à faire pression, mais beaucoup de choses restent à résoudre. S’il existe déjà ou presque des pays comme la Pologne ou l’Estonie, cette barre de 5 % représente un trou à creuser pour l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou même la France qui a pourtant annoncé un effort important. L’atteinte de ce seuil coûterait finalement plus de 90 milliards d’euros supplémentaires par an. Cela semble non seulement incompatible avec l’état de nos finances publiques, mais également inacceptable par les opinions publiques, confrontées à d’autres priorités telles que la santé ou l’éducation.

Pour ce montant excessif, les Européens négocient d’y inclure des dépenses, plus générales, d’infrastructures – routes, aéroports – ou d’imposer la prise en compte de priorités nationales. L’effort considérable ne doit en aucun cas passer sous silence une réflexion stratégique et opérationnelle, avec le défi majeur de l’efficacité et de la complémentarité des capacités des alliés.

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