“La France a déshabillé son industrie du médicament”

La France a déshabillé son industrie du médicamentÀ compter de ce lundi, les conditions de remboursement de ce pansement digestif made in France fabriqué par Ipsen qui accumule les déconvenues et symbolise à lui seul une forme d’incohérence entre les paroles et les actes sur la question de l’indépendance sanitaire.

À l’époque, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, décide au nom de la protection du Made in France de bloquer le remboursement par la Sécurité sociale du générique du Smecta, un médicament fabriqué en Chine par le laboratoire américain Mylan.

Le Conseil économique des produits de santé (Ceps) qui gère la fixation des prix des médicaments remboursés finira par proposer une alternative au groupe bio pharmaceutique: le Smecta peut conserver son prix, mais sa prise en charge par l’Assurance maladie sera désormais calculée sur la base du tarif du générique.

Et s’il refuse le médicament fabriqué en Chine, la boîte de 30 sachets de Smecta qui coûte 3,37 euros (hors honoraires de dispensation de 1,02 euro) lui sera seulement remboursée sur la base du tarif du générique, soit 2,53 euros (hors honoraires), tandis que la différence sera à sa charge du patient.

Au-delà du remboursement du générique de Mylan, Ipsen a été confronté à une baisse de ses ventes de Smecta en 2020 en raison de l’épidémie de Covid-19, le respect des gestes barrières ayant fortement réduit le nombre de gastro-entérites.

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Seulement voilà, le médicament de Mylan obtient finalement son remboursement par l’Assurance maladie fin 2019. Une autorisation d’autant plus étonnante qu’elle est généralement accordée aux génériques dont le prix est inférieur d’au moins 60% à celui du princeps (le médicament de référence). Or, le tarif pratiqué par Mylan ne l’est “que” de 30%. Ce sera tout de même suffisant !

Problème, si Mylan n’aura aucun mal à baisser le prix de son générique (la différence n’est que de quatre-vingt-quatre centimes par rapport au tarif actuel), Ipsen a d’ores et déjà annoncé qu’il ne pouvait pas se le permettre.

Quand bien même il accepterait le générique pour être remboursé à 100%, “il suffit d’un problème d’approvisionnement pour que le patient soit contraint de prendre le Smecta et de payer de sa poche”, poursuit Gilles Bonnefond.

“Pilier du plan de relance” – selon Emmanuel Macron-, la reconquête de “la souveraineté sanitaire et industrielle” figure en haut de la liste des objectifs post-Covid de l’exécutif pour pallier les faiblesses françaises mises en lumière par l’épidémie de coronavirus. Où sont les vérités ?

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