mardi, 20 mai 2025, 15h34:47

Des médecins et scientifiques dénoncent la proposition de réintroduction de certaines substances interdites

Des médecins et scientifiques dénoncent la proposition de réintroduction de certaines substances interdites Plus de 1000 chercheurs, médecins et professionnels de la santé ont publié une lettre ouverte aux ministres de la Santé, de l’Agriculture, du Travail et de l’Environnement, qui supervisent l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Cette lettre, révélée par France Inter, dénonce la proposition de loi Duplomb, mettant en garde contre la menace de réduction du rôle de l’Anses et les effets des pesticides sur la santé.

Portée par Médecins du Monde et Alerte des médecins sur les pesticides, cette lettre intervient dans le contexte du débat parlementaire autour de la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb. Ce texte prévoit notamment la réintroduction de pesticides interdits depuis plusieurs années et sera examiné en commission du développement durable à l’Assemblée nationale le mardi suivant.

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Les signataires expriment également leurs préoccupations concernant la possible création d’un « comité d’orientation pour la protection des cultures» prévu dans la proposition de loi. Ce comité agricole pourrait désigner des pesticides prioritaires sans alternative, permettant ainsi au ministère de l’Agriculture de contourner l’avis de l’Anses, l’autorité sanitaire compétente jusqu’à présent. Lors de son audition à l’Assemblée le 25 mars, le directeur général de l’Anses, Benoît Vallet, a averti que l’adoption de cette proposition de loi entraînerait sa démission.

Les signataires considèrent que cette proposition remet en question le rôle de l’expertise scientifique dans le processus d’autorisation des produits sur le marché, en affaiblissant l’Anses. Depuis 2015, c’est à l’Anses et non plus au ministère de l’Agriculture qu’incombe la responsabilité de piloter ce processus dans un cadre scientifique et éthique strict.

Ils redoutent que la création de ce comité constitue un recul pour la santé publique, craignant que les décisions prises ne tiennent pas compte des impératifs sanitaires. Ils soulignent notamment les inquiétudes liées à la ré-autorisation de certains néonicotinoïdes, des insecticides nocifs pour les abeilles interdits en France depuis 2016, suscitant des préoccupations tant chez les professionnels de la santé que chez les apiculteurs.

Les signataires s’opposent fermement à la mise en place d’un Conseil d’orientation agricole qui priverait l’Anses d’une partie de son contrôle scientifique et de sa responsabilité. La proposition de loi du sénateur Duplomb sera examinée en séance plénière à la fin du mois de mai par les députés. Parmi les premiers signataires de cette lettre ouverte figurent des personnalités telles que le biologiste du Muséum d’histoire naturelle Marc André Selosse, le toxicologue Xavier Coumoul, le président de Médecins du Monde Jean-François Corty, l’oncologue Brigitte Costa et le généticien Christian Velot.

Depuis 2015, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est chargée d’évaluer la dangerosité des pesticides et de décider de leur autorisation de mise sur le marché. Malgré son indépendance scientifique, l’Anses reste un établissement public sous la tutelle de quatre ministères (Agriculture, Santé, Transition écologique, Travail).

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