Pourquoi la France est à la traîne dans les génériques
Pourquoi la France est à la traîne dans les génériques. Une nouvelle campagne d’information grand public en faveur des médicaments génériques a commencé le 27 septembre, à l’initiative du ministère de la Santé. Il s’agit de combler le «retard» de la France sur ses voisins européens.
Si l’on en croit les statistiques reprises par le ministère, la part (en volume) de ces copies au sein des ventes de médicaments n’aurait en effet atteint que 31 % en France en 2013, contre 48 % au Royaume-Uni, 51 % en Allemagne et 63 % aux Pays-Bas.
Bien que la campagne du gouvernement entende répondre à une supposée méfiance des patients, elle ne saurait occulter ce simple constat : aujourd’hui, les patients acceptent les médicaments génériques proposés par les pharmaciens dans plus de huit cas sur dix.
Tel n’est pas le cas des médecins français, qui restent encore largement hermétiques à la prescription des génériques.
Penchons-nous d’abord sur les prescriptions médicales en dénomination commune internationale, ou DCI, le nom «scientifique» donné par l’Organisation mondiale de la santé à un principe actif.
La quasi-totalité des génériques commercialisés en France a pour nom cette dénomination commune, suivie du nom du laboratoire qui les vend, tandis que les médicaments originaux portent un «nom de fantaisie» décidé unilatéralement par le laboratoire.
La prescription en nom de marque n’interdit pas la substitution par le pharmacien, mais elle la complique en suggérant au patient une préférence du médecin pour le médicament original.
Bien que la prescription en DCI soit obligatoire depuis 2015, une enquête réalisée par le mensuel Que choisir a récemment montré qu’elle ne concernait que 27 % des lignes de prescription (30 % pour les généralistes et 15 % pour les spécialistes), très loin des 85 % affichés par les médecins britanniques.
D’après une enquête réalisée en 2011 par l’Assurance maladie sur un large échantillon d’ordonnances, la mention était apposée sur 4,2 % des lignes de prescriptions, un taux relativement faible.
Le droit de substitution des pharmaciens ne s’applique qu’à ces groupes génériques ; autrement dit, il est impossible à un pharmacien d’opérer la substitution si le médecin a prescrit des médicaments originaux n’appartenant pas à ce répertoire. Or cette promotion concerne essentiellement les médicaments encore protégés par un brevet.
En effet, ni les laboratoires de génériques ni les laboratoires commercialisant les médicaments génériquables n’ont intérêt à les défendre auprès des médecins : c’est le pharmacien qui décide in fine de la marque du médicament dispensé!
À l’inverse, d’autres médecins, principalement généralistes, sont d’autant plus enclins à s’impliquer dans le développement des génériques qu’ils jugent avec prudence les nouveaux médicaments, qu’ils font face à des patients qui ne contestent pas leur prescription, qu’ils ne sont pas confrontés à la forte concurrence d’autres médecins, qu’ils entretiennent des rapports distants (ou méfiants) avec l’industrie pharmaceutique ou qu’ils sont sensibles aux incitations financières développées par l’Assurance maladie.