Gerald Darmanin visé par une plainte pour “prise illégale d’intérêts”

Le jeudi 30 octobre, un groupe d’avocats a déposé une plainte pour « prise illégale d’intérêt » contre le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, après sa visite en prison de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Ces informations ont été rapportées par France Inter, qui a eu accès à la plainte le vendredi suivant. Elle a été soumise à la compétence exclusive de la Cour de justice de la République (CJR), la seule instance autorisée à engager des poursuites contre des ministres en fonction.
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Dans leur plainte déposée jeudi, un groupe d’une trentaine d’avocats, y compris des membres du barreau de Paris tels que Jérôme Karsenti, Jérôme Giusti et Isabelle Dahan, soutient que la visite en question risque de compromettre la confiance des justiciables envers le système judiciaire et ses auxiliaires, ainsi que la confiance des clients pour lesquels ils interviennent quotidiennement en tant qu’avocats. Ils affirment que les actions de Monsieur Gérald Darmanin leur causent un préjudice tant sur le plan professionnel que sur le plan de l’image, justifiant ainsi le dépôt de cette plainte devant la Commission des requêtes.
Les avocats soulignent qu’étant activement engagés dans la lutte contre la corruption et ayant déjà défendu en justice diverses associations luttant contre de tels actes répréhensibles, ils possèdent légitimement la capacité d’intervenir pour dénoncer une infraction de prise illégale d’intérêts commise par le ministre de la Justice dans l’exercice de ses fonctions. En sa qualité de ministre de la Justice, Gérald Darmanin détient une autorité publique. Ainsi, le premier élément matériel de l’infraction de prise illégale d’intérêt est établi.
Le ministre de la Justice, comme il l’avait préalablement déclaré sur France Inter la semaine précédente, s’est déplacé à la prison de la Santé à Paris, mercredi en début de soirée, pour une entrevue de 45 minutes avec l’ancien président. Le 25 septembre, Nicolas Sarkozy a été condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement pour son implication présumée dans l’affaire libyenne liée à une association de malfaiteurs, et il a été incarcéré le 21 octobre à la prison de la Santé. L’arrestation d’un ancien président constitue un événement sans précédent dans l’histoire de la République. Nicolas Sarkozy, affirmant son innocence et ayant interjeté appel, a soumis une requête de mise en liberté, laquelle devra être examinée sous peu par la justice.