L’État fait plonger les comptes d’EDF et propose de le nationaliser
Renationaliser le géant public de l’électricité ? Emmanuel Macron candidat avait repris l’idée entre les deux tours de la présidentielle. Et depuis, l’idée fait son chemin, tant la situation financière d’EDF est loin d’être brillante.
Pourtant, vu la flambée des prix de vente de l’électricité sur les marchés, EDF devrait se frotter les mains. Au lieu de cela, l’électricien public annonce déjà des résultats 2022 en chute libre, notamment à cause de son actionnaire principal, l’État.
« EDF est malmené par son actionnaire : le gouvernement, à travers le bouclier tarifaire, décide qu’EDF vendra son électricité en-dessous de ses coûts et fera des pertes », rappelle ainsi François Lévêque, professeur à Mines ParisTech et auteur du livre Nucléaire On/Off.
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De plus, le plongeon historique de la production d’électricité nucléaire représentera un manque à gagner de 16 milliards d’euros. Entre les avaries techniques découvertes sur 12 réacteurs depuis décembre et les imprévus de maintenance dus à la Covid, cela ne pouvait tomber plus mal.
D’autant que la dette d’EDF ne cesse de grimper, pour culminer à 43 milliards d’euros, alors que les investissements à réaliser sont colossaux : 50 milliards pour l’entretien du parc nucléaire actuel, et au moins 52 milliards pour construire les six futurs réacteurs EPR 2 voulus par Emmanuel Macron pendant sa campagne.
Si nationalisation, l’État reprendrait-il la totalité d’EDF, cèdera-t-il en partie au privé certaines activités rentables, comme les éoliennes et le solaire ? Ou celle de la distribution, avec Enedis ? C’est ce que prévoyait le plan de restructuration qui a échoué il y a 18 mois, pour cause notamment de mobilisation des syndicats.
Opter pour la nationalisation a certes les faveurs de la CGT, mais le syndicat ne la souhaite pas dans ces conditions. «Leur intention est de passer par une renationalisation qui s’accompagne d’un projet de découpage de l’entreprise, prédit Philippe Page Le Mérour, secrétaire du CSE central d’EDF. C’est-à-dire que quand tout va bien, on privatise, quand tout va mal, on nationalise. La ficelle est un peu grosse».