La flambée des prix de l’énergie inquiète sérieusement les industriels
Le premier site de consommation d’électricité en France, avec 4 térawattheures, Aluminium Dunkerque est la première fonderie d’aluminium d’Europe. Elle consomme l’équivalent de la ville de Marseille.
Depuis la mi-décembre, l’entreprise a réduit sa production de 10 %, à cause justement de la flambée des prix de l’électricité. « En temps normal, l’électricité représente environ 28 % de nos coûts. » « Rien que sur 2021, notre facture d’électricité est en augmentation de 30 millions d’euros, soit les trois quarts de ce que nous consacrons habituellement à nos investissements », ajoute Guillaume de Goys, président d’Aluminium Dunkerque.
Les prix de marché continuent de s’emballer
À l’instar d’Aluminium Dunkerque, beaucoup d’entreprises arrêtent actuellement leurs machines pour les mêmes raisons, même si nombre d’entre elles ne veulent pas faire état publiquement de leurs difficultés vis-à-vis de leurs concurrents, souligne-t-on à l’Uniden et au Cleee, deux organisations professionnelles regroupant les gros et les très gros consommateurs d’électricité.
Pour 2022, les prix de gros de l’électricité s’établissent à 250 €/MWh, et même 364 € pour livraison en février, des niveaux liés notamment à la flambée des prix du gaz. On est très loin des 42 €/MWh du prix de l’Arenh, l’électricité nucléaire qu’EDF est obligé de vendre à ses concurrents, les fournisseurs alternatifs.
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En moyenne, les industriels payent entre les deux-tiers et les trois quarts de leur approvisionnement en électricité au prix de l’Arenh, le reste au prix de marché. « Une répartition qui vaut aussi pour tous les clients d’EDF », y compris les ménages, souligne Julien Teddé, le cofondateur du courtier Opéra Énergie.
Une scierie installée en Mayenne a payé 90 000 € d’électricité en 2021, mais son fournisseur a annoncé que la facture allait passer à 630 000 € en 2022. » Il envisage de louer un groupe électrogène fonctionnant au fioul pour produire lui-même son électricité au cours des trois prochains mois.
« Si des entreprises ont des difficultés de trésorerie à cause de l’énergie, qu’elles prennent contact avec les services de l’État en région, parce que nous trouvons des solutions de trésorerie », affirmait Agnès Pannier-Runacher, la ministre de l’Industrie, sur BFM Business, mercredi 5 janvier. Le gouvernement envisage également de relever temporairement le plafond de l’Arenh à 130 € TWh.
Des discussions sont en cours avec la Commission européenne, mais aussi avec EDF, pour qui cela représente, évidemment, un manque à gagner puisque la part du courant vendu au prix du marché baissera. Le prix de l’Arenh pourrait par ailleurs être porté à 46,5 €/MWh.