dimanche, 16 mars 2025, 14h49:24

La France dépense-t-elle plus pour acheter du gaz russe que pour aider militairement l’Ukraine

La France dépense-t-elle plus pour acheter du gaz russe que pour aider militairement l'Ukraine« On donne plus d’argent à Poutine en achetant son gaz qu’à l’Ukraine en aide militaire, informe Marine Tondelier». Il n’existe pas encore de données officielles précises pour mesurer les importations de gaz naturel liquéfié russe en France en 2024. Un bilan du commerce extérieur publié sur le site des Douanes, début février, note que «la France n’importe plus de pétrole et de gaz gazeux de Russie, mais a accru ses importations de GNL originaires de ce pays», sans donner de chiffres.

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Cette hausse est également constatée sur le tableau de bord par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), un groupe de réflexion américain spécialiste des marchés et des politiques de l’énergie, qui tient à jour un tableau de bord des importations de GNL en Europe, à partir des données disponibles en sources ouvertes.

D’après un rapport de l’IEEFA, dont franceinfo a pris connaissance, les importations européennes de GNL russe ont bondi de 18 % en 2024. Avec au moins 2,68 milliards d’euros dépensés pour le GNL russe , la France est devenue la première porte d’entrée européenne de cette énergie, devant l’Espagne, avec une augmentation de 81 % par rapport à 2023.

En 2024, un tiers des importations françaises de GNL provenaient de la Russie. En parallèle, dans le cadre d’un accord de sécurité signé en février 2024 avec Kiev, la France avait initialement promis d’accorder jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine pour 2024. Ce chiffre ne sera pas tenu.

Les chiffres disponibles ne sont donc pas assez précis pour déterminer si la valeur des importations de GNL russe de la France dépasse ou non celle de son aide militaire à l’Ukraine. En France, «la part du GNL dans les importations» a «fortement progressé en 2022 dans le contexte de réduction des exportations de gaz russe vers l’Union européenne», explique le ministère de la Transition écologique dans un rapport sur les chiffres clés de l’énergie de 2024.

L’UE s’est tournée vers le GNL en remplacement du gaz acheminé par les gazoducs la reliant à la Russie. La France est l’un des pays européens les plus dotés en infrastructures pour le faire, avec cinq terminaux de regazéification. Une partie du GNL qu’importe la France, n’est donc pas destinée uniquement à sa consommation, mais à être exporté dans le reste de l’Europe, notamment en Allemagne, selon l’IEEFA.

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Les sources d’approvisionnement en GNL sont déjà diversifiées : 38 % provenait des États-Unis, 34 % de Russie et 17 % d’Algérie en 2024, selon les données de l’IEEFA. Elle pourrait, par exemple, se fournir davantage auprès du Qatar. La part du Qatar dans les importations françaises de GNL est passée de 2,22 % en 2023 à 0,37 % en 2024, probablement en raison des attaques en mer Rouge par des rebelles houthis du Yémen.

En 2022, la Commission européenne s’était donné comme objectif de se passer des énergies fossiles russes d’ici à 2027, en réponse à l’invasion russe en Ukraine. L’IEEFA recommande dans son rapport de commencer par «éliminer les achats spots de GNL russe par la France, l’Espagne et la Belgique», qui représentent, à elles trois, 85 % des importations européennes de ce gaz liquéfie russe. «Tant qu’il n’y aura pas d’interdiction ferme de l’Europe, les importations vont se poursuivre», anticipe Ana Maria Jaller-Makarewicz, analyste principale pour l’Europe à l’IEEFA qui plaide pour une transition vers les énergies renouvelables, informe FranceInfo.

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