Suite à sa déroute aux législatives, le groupe Renaissance (LREM) devient-il opportuniste ?
Le groupe Renaissance (ex LREM) à l’Assemblée nationale avait à peine mis le point final à sa proposition de loi pour inscrire le droit à l’avortement dans le marbre de la Constitution française, samedi 25 juin, que les élus de l’opposition lui sont tombés dessus.
La gauche reproche à la majorité d’avoir repris à son compte une proposition déjà formulée à deux reprises lors de la précédente législature. Le député La France insoumise Bastien Lachaud n’a pas manqué de souligner samedi que son mouvement n’avait pas attendu que la Cour suprême des États-Unis révoque ce droit constitutionnel pour proposer de protéger l’interruption volontaire de grossesse en France. «LREM avait refusé l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution en 2018, lorsque La France insoumise l’avait proposé», écrit l’élu de Seine-Saint-Denis sur Twitter.
Cet amendement (le n° 1115) porté par LFI propose d’insérer dans la Constitution le droit à l’avortement. Au total, 145 députés votent contre. Il est rejeté le 11 juillet à l’Assemblée nationale. Parmi eux, figurent 100 élus LREM
«Cette protection passe par un combat de tous les instants dans nos politiques publiques et dans notre législation, ainsi que par une veille attentive au respect de ces droits, et non par leur inscription dans la Constitution, qui n’est ni nécessaire ni utile», réagissait alors l’actuelle ministre des Outre-mer. Un an plus tard, en juillet 2019, nouvelle tentative.
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Une proposition de loi constitutionnelle, portée par des députés de gauche, est déposée pour, là encore, inscrire l’IVG dans la Constitution. «Je vois ce qu’il se passe partout dans le monde, en Europe, avec par exemple, la Hongrie de Victor Orban, qui depuis 2013 a remis en cause ce droit fondamental dans la Constitution. Et ce que nous disons, avec mes collègues, c’est qu’en France, malgré toutes ces avancées depuis la loi Veil, il existe malheureusement, non pas un délit d’entrave comme on peut l’entendre par la loi, mais une forme d’entrave aujourd’hui pour toutes ces femmes qui recourent à l’IVG», souligne alors Luc Carvounas, à l’époque député socialiste et membre de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes.
L’élue de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain, qui disait en 2018 «ne pas comprendre pourquoi il y a blocage du côté du gouvernement et de la majorité pour faire adopter un élément qui normalement devrait recueillir un large consensus», évoque «un revirement bienvenu» car «le droit à l’IVG est un droit fondamental».
La Nupes, la nouvelle alliance de gauche, propose désormais de déposer un texte commun à tous les groupes parlementaires qui le souhaitent pour inscrire l’IVG dans la Constitution. Comme un symbole, celui-ci pourrait être l’un des premiers textes transpartisans adoptés lors de la nouvelle législature, après plusieurs jours de crise politique depuis le second tour des législatives.