« Ce n’était que du cinéma » racontent les syndicats sur la réforme des retraites
Un écran de fumée ? Le 9 décembre 2019, l’ex-haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye dressait un bilan plutôt flatteur de deux années d’échange sur la réforme des retraites.
Jean-Paul Delavoye se félicitait des « 50 réunions » qui s’étaient tenues avec les syndicats, sans compter « 130 réunions avec les différentes professions » , pour élaborer le futur « système universel » à points voulu par l’exécutif.
Malgrès ces réunions, mardi 7 janvier 2020, la grève contre la réforme des retraites à la SNCF est entrée dans son 33e jour, battant ainsi largement le record du conflit social de l’hiver 1986-1987, qui avait duré 28 jours.
« Nous avons expliqué en quoi le système à points n’était pas une bonne idée, mais en vain », explique le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, qui a participé à des rencontres « bilatérales » avec l’équipe Delevoye.
On arrive à l’évidence d’un projet qui était figé dès le départ, avec des paramètres qui sont restés les mêmes du début à la fin.François Hommeril, président de la CFE-CGC à franceinfo.
Surtout, les dirigeants de la CGC se disent interloqués par l’absence de tout chiffrage donné par le gouvernement sur le passage d’un système à l’autre.
Et le syndicaliste d’égrener : « On a demandé à l’équipe Delevoye et au gouvernement comment ils allaient compenser ce trou : pas de réponse. On les interrogeait : ‘Quelles avancées sur la retraite progressive ?’ Pas de réponse.
De l’avis général, les discussions, et surtout les concessions n’ont commencé qu’après la grève « reconductible » lancée le 5 décembre contre la réforme des retraites.
Qu’attendre des nouvelles rencontres qui débutent mardi entre les syndicats et le gouvernement, sommé par Emmanuel Macron de trouver un « compromis rapide » ? A la CFDT, pourtant défenseuse du système à points, le secrétaire national chargé des retraites, Frédéric Sève, semble tout aussi désabusé que ses homologues.
« Nous, la CFDT, avions trois grandes revendications afin que le système à points comprenne des droits nouveaux : une pension minimale à 100% du smic, la retraite progressive et le retour aux dix critères de pénibilité de 2017. »
Il n’y a pas eu d’avancée sur ce qui pourrait donner un sens social au système à points, alors que c’était le cœur du sujet.Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT à franceinfo
Reste, pour le syndicat, la « ligne rouge » de l’âge pivot, fixé à 64 ans en 2027 (si la retraite est prise plus tôt qu’à 64 ans, la pension est amputée d’un malus).
Dimanche, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a demandé sur France 2 que cet « âge d’équilibre » ne figure pas dans le projet de loi, et que l’exécutif « convoque une conférence de financement des retraites » pour « travailler à des propositions sur l’équilibre du régime à moyen et long terme ».
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