L’hébergement d’urgence coûte à l’Etat un million d’euros par jour en frais d’hôtel
Le système d’hébergement d’urgence ne suffit plus : parmi les 130 000 sans abri pris en charge chaque nuit, 53 000 sont accueillis à l’hôtel par manque de place. Ainsi, sur les « 130 000 places ouvertes en Ile-de-France chaque nuit pour les sans-abri », selon la préfecture de région, autour de 40 % sont des chambres d’hôtel.
« Pour répondre à la demande croissante d’hébergement d’urgence qui s’est manifestée depuis plusieurs années, et face à la saturation des structures d’accueil, le recours à la réservation de nuitées d’hôtel s’est significativement développé : les places à l’hôtel, qui se sont élevées à 48 706 en 2018, représentent un tiers de la capacité d’hébergement généraliste nous informe leparisien.fr
« Les dimensions sont devenues énormes », assène Christine Laconde, directrice générale du Samu social de Paris qui a mis en place un service dédié, baptisé Delta, où une centaine de personnes travaillent à temps plein pour rechercher des chambres d’hôtel disponibles, gérer les réservations pour plusieurs départements franciliens et s’apprête à l’assurer pour l’ensemble de l’Ile-de-France dès le mois prochain.
« Au 26 octobre 2020, le nombre total de nuitées hôtelières s’élevait à 53 545 en Île-de-France », calcule la préfecture de région qui chiffre le « coût moyen d’une nuitée à 21 euros » à Paris, 18 euros en moyenne dans la région.
Dans les années 1980, ces hôtels à bas coût qui ont fleuri dans les zones industrielles et autres parcs d’activité n’ont, selon les points de vue, « jamais vraiment trouvé leur public » ou sont depuis « passés de mode ».
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« L’absence de fluctuation de l’activité, assez rassurante, est un argument convaincant », confirme-t-on au Samu social. Si l’accueil à l’hôtel a donc vocation à héberger les personnes sans abri pour une courte durée, la saturation des dispositifs et le manque de fluidité dans le parc d’hébergement conduit des publics à rester hébergés à l’hôtel pour plusieurs mois, voire plusieurs années », déplore le rapport sénatorial. »
Pour tenter de faire baisser la facture, la SNI (Société nationale immobilière), filiale de la Caisse des dépôts, a racheté, en 2017, 62 hôtels Formule 1 au groupe Accor, dont une quinzaine en Ile-de-France. »
Parallèlement, l’État tente de déployer une autre solution, à la fois moins coûteuse et plus adaptée aux besoins des familles : c’est Solibail, un système d’intermédiation locative : le propriétaire loue son appartement à une association agréée qui y loge des personnes modestes.
« Mais pendant ce temps, le besoin de logement social ne fait qu’augmenter », avec près de 750 000 demandes actives, s’inquiète Jean-Luc Vidon, président de l’Aorif, l’association des bailleurs sociaux d’Ile-de-France.
Note globale à régler auprès de 643 hôtels d’Ile-de-France : près d’1 million d’euros chaque nuit, 300 millions d’euros à l’année. Qui dit mieux !