L’entreprise Atos paie cher les années Thierry Breton
Le groupe a encaissé une perte de 3,4 milliards d’euros en 2023, essentiellement due à des dépréciations comptables. Hier, le groupe de services informatiques a publié une perte historique de 3,4 milliards d’euros dont 2,5 milliards d’euros proviennent de dépréciations d’actifs.
Cette branche, baptisée «Eviden», accuse 2 milliards d’euros de perte de valeur au bilan du groupe. Selon ses comptes détaillés, près d’un milliard d’euros de ces pertes comptables sont enregistrés aux États-Unis où Atos est principalement présent par sa filiale Syntel.
Cette société a été rachetée à la suite d’une OPA de 2,9 milliards d’euros fin 2018. Un milliard d’euros de trop, reconnaît désormais le groupe dans ses comptes. À l’époque, c’est l’apogée d’Atos qui vient d’entrer au CAC et il vaut 10 milliards d’euros en Bourse. L’autre milliard d’euros de perte comptable provient des activités en Europe de Siemens, et en Asie.
«Atos n’avait aucune dette quand j’ai quitté l’entreprise», a defendu Thierry Breton devant l’Association des journalistes économiques et financiers le mois dernier. Fin 2019, elle atteignait 5,4 milliards d’euros. Mais, cette année-là, Thierry Breton a réalisé 2,3 milliards d’euros de vente d’action de Worldline, la filiale de paiement d’Atos. De telle sorte que ce cash a permis de réduire la «dette nette» à -1,7 milliard d’euros.
D’ailleurs, un an plus tôt, Atos avait reconnu dans ses comptes que son «endettement net s’élevait à 2,9 milliards d’euros en raison du montant payé pour l’acquisition de Syntel».
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Trois mois après, en février 2020, Atos a cédé pour 1,5 milliard d’euros de titres supplémentaires, ce qui n’a pas suffi à «masquer» toute la dette. Un an après le départ de Thierry Breton, la dette nette est passée à 3,16 milliards d’euros.
Lors de sa prise de fonction à la Commission européenne, il a dû vendre ses 508 085 actions Atos qu’il détenait fin 2018 pour un peu plus de 40 millions d’euros, avant impôts, avait-il précisé à l’époque. L’action du groupe qu’il dirigeait alors, valait un peu plus de 70 euros contre 1,7 euro aujourd’hui ! L’an passé, son successeur a, pour la première fois, pointé du doigt la responsabilité de Thierry Breton.