L’emprise de la Russie se fait de plus en plus sur La Georgie

L'emprise de la Russie se fait de plus en plus sur La Georgie
La requête est caractérisée par sa clarté. En déposant une requête devant la Cour constitutionnelle géorgienne le mardi 28 octobre, le parti au pouvoir à Tbilissi, le Rêve géorgien, demande l’interdiction des trois principales formations d’opposition, marquant ainsi une évolution autoritaire indéniable et préoccupante. La décision devrait être prononcée sous peu, cependant le résultat semble prévisible.

À consulter >> Philippe Juvin : “Si personne ne fait de pas vers l’autre, on risque de ne pas avoir de budget”

Alors que le pays est confronté à des manifestations quotidiennes depuis près d’un an, le régime renforce davantage son contrôle sur la vie démocratique, en accusant ces partis de « saper l’autorité du gouvernement et de s’opposer à l’ordre constitutionnel ». En définitive, on soupçonne l’opposition de remplir sa fonction en s’opposant à un pouvoir de plus en plus intolérant envers toute forme de contestation, et susceptible de voir la Cour, alignée sur le régime en place, satisfaire sa requête.

Cet épisode s’inscrit dans la continuité d’un changement initié il y a trois ans, au moment du début de la guerre en Ukraine. Cela s’est manifesté par un renforcement croissant de l’influence de la Russie sur cette nation comptant quatre millions d’habitants. Lorsque Tbilissi a été désignée comme candidate à l’adhésion à l’Union européenne à la fin de l’année 2023, le Kremlin a réagi de manière hostile. Malgré le fait que l’intégration européenne soit un principe constitutionnel en Géorgie, le régime a délibérément pris des mesures pour s’en écarter.

En l’espace de quelques mois, le parti au pouvoir en Géorgie, le Rêve géorgien, a adopté des lois inspirées de celles promulguées à Moscou ces dernières années, dans le but de contrer toute forme d’ingérence étrangère et de restreindre les droits des organisations non gouvernementales ainsi que des individus LGBT. Les arrestations d’opposants, de militants ou de journalistes ont connu une augmentation significative, tandis que la tendance autoritaire s’est renforcée, et les perspectives de rapprochement avec l’Europe se sont progressivement réduites, pour être quasiment anéanties à l’heure actuelle.

Il y a près d’un an, après des élections législatives contestées par l’opposition mais remportées par le parti au pouvoir, le Premier ministre a officiellement suspendu les pourparlers d’adhésion. Une décision qui a engendré un vaste mouvement de contestation, caractérisé par des manifestations quotidiennes se déroulant dans les rues de la capitale. Après environ 337 jours de mobilisation pacifique, les manifestants ont été confrontés à une répression de plus en plus sévère de la part d’un pouvoir inflexible, accusé de servir les intérêts de Moscou.

Il convient de rappeler qu’avant l’annexion du Donbass et de la Crimée en 2014 en Ukraine, la Russie avait adopté une approche similaire en Géorgie en 2008, en apportant son soutien à des groupes séparatistes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Elle exerce désormais son contrôle sur des régions représentant approximativement 20 % du territoire géorgien, où des forces militaires russes sont déployées à moins de 100 km de Tbilissi.

Il est hors de question pour le Kremlin de permettre à cette ex-république soviétique de s’éloigner de son influence, compte tenu de son accès à la mer Noire et de sa position géostratégique entre l’Asie et l’Europe. La situation en Géorgie peut être considérée comme un exemple de ce que Moscou chercherait à réaliser en Ukraine, en favorisant un régime aligné sur ses intérêts et se tenant à distance de l’Europe. Selon l’ancienne présidente Salomé Zourabichvili, l’interdiction des partis d’opposition constituerait le « dernier pas vers l’instauration d’un régime de terreur en Géorgie », plaçant ainsi le pays sous un « régime autoritaire de type russe».

N'hésitez pas à nous suivre et à nous aimer :

Laisser votre commentaire