Le modèle hospitalier français au bord de la rupture
En France, un nombre inédit de soignants jettent l’éponge, épuisés par l’épreuve interminable de la Covid-19 et des conditions de travail dégradées. Sans parler de ceux qui ne veulent pas se faire vacciner sans aucun respect envers leur patient.
L’alerte rouge a été lancée par le conseil scientifique le 5 octobre 2021. Selon l’organisation présidée par Jean-François Delfraissy, 20 % des lits dans les hôpitaux publics de l’Hexagone sont fermés, faute de soignants pour s’en occuper. “On a toujours fermé des lits à partir du mois de juillet pour permettre aux agents de partir en congé.
Tout le monde est fatigué dans mon service, témoigne auprès de France 24, Virginie, une infirmière de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Entre l’embouteillage de patients lié aux opérations déprogrammées, le retour des pathologies hivernales et la reprise épidémique, les professionnels de santé ne voient toujours pas le bout du tunnel. Selon la Fédération hospitalière de France , entre 2 % à 5 % des postes de soignants sont actuellement vacants au sein des hôpitaux et des établissements médico-sociaux publics.
Seule bonne nouvelle, l’obligation vaccinale n’a eu que très peu d’effet sur cette pénurie de soignants. Du côté du gouvernement, le ministre de la Santé, Olivier Véran, concède des difficultés, mais conteste le chiffre de 20 % de lits fermés. Une enquête est en cours auprès de l’ensemble des établissements de santé pour évaluer précisément la situation. “Il y a des postes vacants dans tous les établissements de France”, assure pour sa part Thierry Amouroux.
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“Il y a un effet de ciseaux entre des patients dont les pathologies se sont aggravées”, faute d’avoir été pris en charge à temps à cause de la pandémie de Covid-19 et “la trajectoire de diminution des lits qui s’est poursuivie en 2020”. Selon un rapport de la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques , publié en septembre, la France disposait de 386 835 lits d’hospitalisation fin 2020, soit 5 758 de moins en un an. Depuis 2013, ce sont 27 000 lits d’hospitalisation qui ont été supprimés, soit une baisse de 6,5 % en sept ans. Dans le sillage du Ségur de la santé, le gouvernement avait promis de suspendre les projets de restructuration pour des raisons purement comptables.
“Le Ségur de la santé a été un hommage rendu à l’hôpital avec des gratifications (a minima) pour des personnels qui n’avaient pas eu de revalorisations salariales depuis longtemps”, estime Alexandre Brudon. “Même si la pédiatrie a été moins affectée par la crise de la Covid, le personnel est allé prêter main forte dans d’autres services”, détaille pour France 24 Brigitte Virey, pédiatre à Dijon et président du syndicat national des pédiatres français, qui rapporte également un nombre croissant de burn-out et d’absentéisme chez les infirmières et les puéricultrices.