La “fin du secret médical” !
« Il est de notre devoir de désobéir ! » Le docteur Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UMFL), n’a pas caché sa colère sur son compte X après la parution au Journal officiel, mercredi 30 octobre, d’un décret présenté comme devant « renforcer la pertinence des prescriptions médicales ».
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Signé par le Premier ministre, Michel Barnier, ce décret «précise que ces renseignements sont portés sur l’ordonnance ou sur un document dédié, joint à l’ordonnance», peut-on lire dans le Journal officiel. Ainsi, il conditionne la prise en charge par l’assurance-maladie de certains médicaments à ces informations écrites par le médecin, qui peuvent concerner des éléments comme la pathologie dont souffre le patient.
Concrètement, pour les médicaments ou soins concernés, le médecin doit désormais éditer un document qui vérifie que la prescription correspond bien aux indications thérapeutiques établies par la Haute Autorité de santé et l’Assurance-maladie. Pour Jérôme Marty, pas de doute : « C’est la fin du secret médical », a-t-il écrit sur X. « Il implique de justifier du motif d’une prescription », a détaillé mardi le médecin généraliste dans le quotidien régional La Dépêche .
«Les médecins auront dorénavant l’obligation de divulguer des informations médicales à l’administration. » « Qui sont ces guignols qui prennent de telles décisions ?»s’emporte le médecin marseillais Amine Ayari sur le même réseau social. Dans un communiqué, le collectif Médecins pour demain dénonce «une mise sous surveillance préalable».
Le décret, lui, assure que «seul le service du contrôle médical de la caisse peut avoir connaissance des informations couvertes par le secret médical». Ce décret «fera peser financièrement la responsabilité du remboursement du patient par l’Assurance-maladie sur les médecins, les exposant aux indus, et aggravera leur charge administrative déjà lourde de plus de 25 % du temps médical», affirme ainsi Médecins pour demain.
Ce décret «va directement aggraver les difficultés d’accès aux soins», «augmenter les pertes de chance des patients en raison d’une surcharge de travail administratif, injustifiée et chronophage», énumère l’UMFL dans un communiqué. Des craintes que le directeur général de l’Assurance-maladie, Thomas Fatôme, a tenté de dissiper devant le Sénat, jeudi.
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«Il faut que les professionnels acceptent qu’il y ait» au moment de la prescription de certains produits de santé, «quelques démarches à faire très simples» pour vérifier que la prescription entre bien dans le champ du remboursement par l’organisme, a-t-il assuré, selon l’AFP. «Si nous ne surveillons pas les conditions dans lesquelles ils sont prescrits, je peux vous dire que les centaines de millions d’euros de dépenses, on va les avoir extrêmement, extrêmement, rapidement», a souligné le directeur général de l’Assurance-maladie. L’assurance-maladie vise en particulier les antidiabétiques AGLP-1 comme Ozempic ou Trulicity, a déjà précisé Thomas Fatôme devant les sénateurs.