Des médicaments seraient inutiles voir dangereux, mais remboursés
Des médicaments seraient inutiles voir dangereux, mais remboursés. Selon les professeurs Philippe Even et Bernard Debré, qui sortent un «Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux», un tiers des médicaments ne serviraient à rien. Leur attaque en règle de la ministre de la Santé fait toutefois controverse.
On se souvient du slogan : «les antibiotiques, c’est pas automatique». «35 % des médicaments sont inefficaces ; 25 % mal tolérés ; 5 % potentiellement dangereux ; mais 75 % remboursés!» s’indignent les deux médecins dans la nouvelle édition de leur «guide» qui s’autoproclame «indépendant».
Dans le viseur des deux professeurs, «des dépenses de santé de 1,2 à 2 fois supérieures à celles des autres grands pays, soit 10 à 15 milliards d’euros jetés par les fenêtres, sans bénéfice pour la santé et aux dépens des véritables priorités : hôpitaux, infirmières, handicaps physiques et mentaux, vieillesse.» Et une cible, la politique de la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
«Cette politique n’est pas au service des malades qui paient, mais à celui de l’industrie pharmaceutique qui encaisse, alors que, depuis vingt-cinq ans, elle n’invente plus guère et qu’elle est, selon l’ONU, devenue de moins en moins éthique mais de loin la plus lucrative de toutes les industries, confortée par le silence d’une part importante de l’élite médicale universitaire», assènent les deux auteurs qui se sont basés pour rédiger leur ouvrage sur quelque 20 000 études publiées dans les grandes revues de médecine anglo-saxonnes.
Dans les domaines de l’allergie ou de la nutrition, la moitié des médicaments n’apportent rien au patient. Plusieurs antihistaminiques, utilisés dans le traitement des allergies «ont une efficacité nulle».
Martine Aubry en 1999 puis Xavier Bertrand en 2006 avaient ainsi maintenu le remboursement à 60 % du Mediator dont le service médical rendu avait pourtant été jugé «insuffisant» par les experts ; et dont on connaît l’histoire tragique, ce médicament étant accusé d’avoir causé plus de 2 000 décès.
Si les ministres refusent de suivre un avis de déremboursement de médicaments, c’est en raison de plusieurs critères : la prise en compte des emplois dans l’industrie pharmaceutique ; le contexte sociétal et politique ; et le fait que l’apparition sur le marché d’un médicament peut permettre la reconnaissance et la prise en charge d’une maladie.